Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi est monté au créneau mercredi afin de tenter de rassurer les marchés en annonçant un «plan d'action immédiat» pour la croissance qui manque toutefois de mesures concrètes, selon les experts.

Resté discret ces derniers temps, le Cavaliere a décidé de reprendre l'initiative en intervenant devant le Parlement alors que les marchés mettent la pression sur l'Italie comme sur l'Espagne, provoquant une envolée de leurs taux obligataires à des records historiques.

«Il faut un plan d'action immédiat» pour relancer la croissance qui est un objectif «essentiel», a-t-il déclaré devant les députés.

«La situation nous impose de donner une réponse encore plus forte, immédiate et visible sur le plan de la croissance qui rendra crédible» le plan d'assainissement des finances publiques, a-t-il soutenu.

Assurant qu'il ne niait pas la crise, qui le concerne tout particulièrement lui «l'entrepreneur qui a trois sociétés cotées en Bourse», le Cavaliere a toutefois appelé à ne pas «suivre la nervosité des marchés».

La crise «n'est pas italienne mais planétaire», a-t-il tenu à souligner.

L'Italie a des «fondamentaux économiques solides» que le marché «n'évalue pas correctement», a-t-il ajouté en citant notamment la solidité des banques, le faible endettement des ménages et le niveau du déficit public, qui est inférieur à celui de nombreux pays européens.

Mais malgré l'adoption mi-juillet d'une cure d'austérité devant permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2014, les investisseurs craignent toujours une contagion de la crise de la dette à la péninsule en raison de son énorme dette (environ 120% de son PIB), d'une croissance atone et de l'incertitude pesant sur l'avenir du gouvernement.

Dans le détail, le Cavaliere a notamment évoqué la nécessité d'approuver «le plus rapidement possible» la réforme déjà annoncée de la fiscalité afin de disposer d'un régime «plus favorable» pour les familles et les entreprises.

Le gouvernement va par ailleurs proposer aux partenaires sociaux de réformer le marché du travail en modifiant le «statut des travailleurs» afin d'«attirer plus d'investissements», a-t-il ajouté.

Il a également rappelé le déblocage mercredi de 9 milliards d'euros pour des infrastructures dans le sud mais ces ressources étaient déjà attendues depuis longtemps.

L'amélioration de la qualité des services publics qui entravent la compétitivité et la libération de ressources pour les investissements en faisant appel au secteur privé, ont également été citées.

Afin de mettre en oeuvre ces mesures, le Cavaliere a lancé un appel «à la collaboration» au patronat et aux syndicats, qui avaient exigé la semaine dernière un «pacte pour la croissance» et qu'il doit rencontrer jeudi.

L'intervention de Silvio Berlusconi était très attendue par les investisseurs mais «je crains que les marchés ne soient pas rassurés» car «il n'y a pas eu beaucoup de choses concrètes», a jugé Chiara Corsa, économiste de la banque UniCredit.

«Pour tranquilliser les marchés, il aurait fallu anticiper une partie des mesures de rigueur» alors que le plan d'austérité adopté mi-juillet repose essentiellement sur les années 2013 et 2014, et donc en partie sur le prochain gouvernement, ajoute-t-elle. Des élections législatives sont prévues au printemps 2013.

Malgré l'appel du Cavaliere à l'unité entre majorité et opposition, la gauche a campé sur ses positions et continué de réclamer la démission de M. Berlusconi et son gouvernement, affaibli par deux récents revers dans les urnes.

Silvio Berlusconi «ne peut pas proposer des solutions alors qu'il est une grande partie du problème», a lancé Enrico Letta du Parti Démocrate (gauche).