Un nouveau drame de l'immigration s'est produit lundi matin sur la petite île italienne de Lampedusa, où les cadavres de 25 migrants morts par asphyxie ont été retrouvés dans la salle des machines d'un bateau surchargé de réfugiés en provenance de Libye.

271 migrants ayant survécu à la traversée sur cette embarcation d'une quinzaine de mètres ont été pris en charge par les garde-côtes, qui n'ont découvert les 25 corps que lors d'une inspection de l'embarcation, les survivants ne les ayant pas avisés.

Les victimes sont 25 hommes «probablement» originaire d'Afrique sub-saharienne, a indiqué le commandant du port de Lampedusa, Antonio Morana, en précisant que le bateau transportait notamment 36 femmes et 21 enfants.

Le parquet d'Agrigente (Sicile) a aussitôt ouvert une enquête et a annoncé que les corps allaient être autopsiés «même si de premières vérifications montrent que la mort a apparemment été causée par asphyxie», selon le procureur, Renato Di Natale.

Les victimes se trouvaient à l'intérieur de la cale, accessible seulement à travers une trappe de 50 centimètres de large.

Lors de l'évacuation du bateau, les pompiers se sont retrouvés face à la petite trappe ouverte et ont découvert l'amas de cadavres: «Une scène que je ne pourrai jamais oublier», a témoigné l'un des sauveteurs sous couvert de l'anonymat. Certains des corps étaient déjà en voie de décomposition.

«Les victimes sont probablement décédées depuis au moins 48 heures, vu l'état dans lequel ont été retrouvés les cadavres», a confirmé un médecin de l'hôpital local, Pietro Bartolo.

Selon les déclarations des rescapés, les victimes auraient été les premières à embarquer samedi à Tripoli et se seraient installées dans la partie inférieure du bateau, où elles ont été exposées durant des heures aux gaz d'échappement du moteur.

L'air serait devenu irrespirable et les malheureux auraient tenté de sortir, mais les migrants occupant le pont s'y seraient opposés en raison du manque d'espace.

Les survivants, originaires notamment de Somalie, du Nigeria et du Ghana, sont «très éprouvés et choqués par ce qui s'est passé», a témoigné Tarek Brhane, un responsable de l'ONG Save The Children qui a pu s'entretenir avec eux.

Dimanche soir, alors qu'il était à 35 milles (environ 65 km) des côtes de Lampedusa, le bateau en difficulté avait lancé un SOS.

«À 19h30 (13h30, heure de Montréal), trois bateaux sont partis à leur secours», a raconté à l'AFP Cosimo Nicastro, porte-parole des garde-côtes. «À 1h20 (19h20, heure de Montréal), le bateau est arrivé à 1 mille (près de 2 km) de Lampedusa, et notre équipage est monté à bord pour la manoeuvre d'accostage», a-t-il poursuivi. C'est alors que les garde-côtes ont fait leur macabre découverte.

Les 25 cadavres, placés dans des sacs, ont été débarqués sur le quai du port et alignés les uns à côté des autres. Une partie d'entre eux seront inhumés à Lampedusa, a annoncé le maire de l'île, peu après l'arrivée d'une nouvelle embarcation transportant 53 migrants qui ont dit arriver de Tunisie.

Le secrétaire d'État en charge de l'immigration, Sonia Viale, a exprimé sa «profonde douleur» de voir «encore une fois tant de victimes de trafiquants d'êtres humains sans scrupules» tandis que la porte-parole du Haut Commissariat aux Réfugiés en Italie, Laura Boldrini, a demandé à ce que «toute la lumière soit faite immédiatement sur ce qui s'est passé».

Des milliers de personnes fuyant la Libye, la plupart des travailleurs immigrés venant d'Afrique ou des réfugiés des conflits de la région, sont arrivés au cours des derniers mois à Lampedusa, une petite île à mi-chemin entre les côtes africaines et la Sicile. Des centaines d'entre eux se sont noyés: en avril, 250 migrants avaient trouvé la mort lors d'un naufrage au large de l'île.