Le premier ministre et ex-président russe Vladimir Poutine entretient toujours le suspense sur sa possible candidature à l'élection présidentielle de mars 2012. S'il décide de repartir à la conquête du Kremlin, il pourra compter sur sa propre armée de jeunes nymphes prêtes à «déchirer» leurs vêtements pour leur «homme idéal»... Notre collaborateur a assisté à l'une de leurs manifestations.

Place Pouchkine, vendredi en début de soirée. «L'armée de Poutine» défile pour la première fois dans le centre-ville de la capitale. Les 24 membres du bataillon sont vêtues de l'habit de combat réglementaire pour défendre l'homme fort du pays: talons aiguilles, minijupe et camisole moulante blanche sur laquelle a été dessiné en rose un portrait de Vladimir Poutine.

L'une des jeunes «soldates» s'approche des photographes. Elle prend une pose sexy et saisit à deux mains le col de sa camisole, faisant mine de la déchirer. «Je déchire pour Poutine!», lance-t-elle, reprenant le slogan officiel de l'officieuse «armée de Poutine». La jeune fille, mineure comme la majorité des autres participantes, ne passe toutefois pas à l'acte indécent.

Après moins d'une heure à se pavaner sur la place et à scander le nom du premier ministre, les jeunes filles plient bagage. Elles ont la mine basse. Les questions répétées des journalistes, qui cherchaient à en savoir un peu plus sur cette obscure initiative d'appui à Vladimir Poutine, les ont visiblement ébranlées.

Quelques jours plus tôt, une vidéo anonyme - mais très professionnelle - annonçant la création de «l'armée de Poutine» était apparue sur l'internet. Une déesse à la poitrine proéminente y appelait les filles «jeunes, belles et intelligentes» à enregistrer un clip dans lequel on les verrait «déchirer» leurs vêtements pour Poutine, «notre président». Diana, l'héroïne de la vidéo, y vantait tout autant le «politicien digne» que l'«homme avec de la classe» qu'est Vladimir Poutine, véritable modèle du mâle idéal pour plusieurs femmes russes.

Selon les règles, les participantes devront ensuite diffuser leur court métrage sur le groupe «Armia Poutina» du réseau social VKontakte, le Facebook russophone. L'auteure de la meilleure vidéo aura droit à une tablette iPad 2, promettait Diana, avant de faire semblant de déchirer sa camisole. Lundi, inondé par les messages antipoutiniens, le groupe public «Armia Poutina» est devenu privé.

Après le calendrier

En Russie, où les mouvements féministes sont à peu près inexistants, une telle utilisation du corps de la femme à des fins commerciales ou politiques est chose courante et choque peu. Par contre, le message politique sous-jacent peut ne pas faire l'unanimité.

Pour l'anniversaire de Poutine, en octobre dernier, un groupe d'étudiantes en journalisme de l'Université d'État de Moscou lui avait ainsi offert un calendrier composé de photos d'elles en petite tenue. Chaque image était accompagnée d'une phrase à connotation sexuelle dans laquelle les pin-up amateurs lui déclaraient leur admiration.

Avec l'élection présidentielle de mars qui approche et Vladimir Poutine qui semble fortement tenté de s'y présenter, tous les moyens sont bons pour attirer l'attention de l'homme fort du pays et lui jurer allégeance.

Ainsi, depuis la création en mai dernier de son Front populaire panrusse, perçu comme un tremplin pour son retour à la présidence, le pays entier se bouscule au portillon pour en faire partie: organisations communautaires, syndicats, mais aussi entreprises privées ou étatiques... et même des rues et des villes entières!

Quant au président Dmitri Medvedev, qui n'a pas non plus encore annoncé ses intentions en prévision de la présidentielle, il compte également ses admiratrices.

Après la diffusion d'une vidéo sur YouTube dans laquelle on voit le chef de l'État se déhancher d'une façon plutôt particulière sur une piste de danse, des jeunes filles ont organisé une séance de danse près des murs du Kremlin. Lors d'une autre mobilisation éclair, les internautes fans du président actuel se sont baladées avec son portrait, l'offrant aux passants le temps d'un baiser.

Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine ont déjà exclu une double candidature à la présidentielle. À en juger par le nombre de leurs groupies respectives, le premier ministre semble en meilleure posture pour ravir le Kremlin en mars...