Le dernier fugitif sur la liste du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Goran Hadzic, l'ancien responsable des Serbes de Croatie pendant la guerre de Croatie (1991-1995), a été transféré vendredi de Belgrade aux Pays-Bas, où il a été remis au TPIY.

L'arrivée au centre pénitentiaire du TPIY à La Haye de Hadzic, arrêté mercredi en Serbie, a été annoncée par un communiqué du tribunal.

Deux voitures noires aux vitres teintées -une berline et une autre ressemblant à un 4x4- ont pénétré discrètement vers 16H05, heure locale (12H05 GMT), dans l'enceinte de la prison par l'entrée principale, a constaté un journaliste de l'AFP. Tout s'est passé très vite, selon la même source.

L'avion de M. Hadzic en provenance de Belgrade s'était posé une heure et demie plus tôt à l'aéroport de Rotterdam, à une vingtaine de kilomètres de La Haye. L'inculpé avait été pris en charge dès son arrivée par des représentants du bureau du procureur et du greffe, en présence notamment du consul de Serbie aux Pays-Bas, Marco Brkic.

Dès cet après-midi, dans la prison du TPIY, Goran Hadzic, 52 ans, sera informé de ses droits et pourra s'entretenir avec un avocat. Ses empreintes digitales seront relevées et une photographie d'identité sera prise.

Conformément aux règles du tribunal, il sera présenté devant le TPIY au cours d'une audience de comparution initiale, à une date qui sera annoncée ultérieurement.

Au cours de cette audience, M. Hadzic pourra plaider coupable ou non coupable. S'il le souhaite, il pourra bénéficier d'un délai de 30 jours avant que la question ne lui soit à nouveau posée. S'il plaide coupable de tous les chefs d'accusation, son procès n'aura pas lieu et le tribunal prononcera une peine.

L'éphémère «président» de la «République serbe de Krajina» doit répondre de 14 chefs d'accusation devant le TPIY pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis pendant la guerre de Croatie.

Goran Hadzic avait été arrêté mercredi matin, à une centaine de kilomètres au nord de Belgrade (Serbie) après une fuite de sept ans. Présenté le même jour au tribunal spécial serbe pour les crimes de guerre, il avait renoncé à faire appel de son transfèrement au TPIY.

Selon son avocat, Me Toma Fila, Goran Hadzic avait considéré une telle procédure d'appel comme inutile. En prenant cette décision, il avait précipité son départ pour La Haye.

Trois jours seulement se sont écoulés entre son arrestation et son extradition, contre cinq pour Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, arrêté et transféré à La Haye en mai, et neuf jours pour Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, arrêté et extradé en juillet 2008.

Vendredi matin, M. Hadzic avait été autorisé à se rendre auprès de sa mère et de sa fille enceinte à Novi Sad, dans le nord de la Serbie, ville où il habitait avant de disparaître en juillet 2004.

Il avait par ailleurs reçu, avant son départ pour Novi Sad, la visite d'une ancienne compagne et de la fille qu'ils ont eue ensemble, ont indiqué les médias serbes. Sa femme, sa soeur et son fils étaient venus le voir jeudi.

La ministre serbe de la Justice, Snezana Malovic, avait signé son ordre d'extradition vers le tribunal de La Haye vendredi matin.

Goran Hadzic était le 44e et dernier inculpé que la Serbie devait remettre à la justice internationale. Il était également la dernière des 161 personnes mises en accusation par le TPIY toujours en fuite.

Son nom reste notamment lié au massacre de l'hôpital de Vukovar (est de la Croatie), en novembre 1991, au cours duquel 264 civils, Croates et autres non-Serbes, qui s'y étaient réfugiés avaient été abattus par les forces serbes après avoir été roués de coups et torturés.

Avec le transfèrement de Goran Hadzic vers La Haye, la Serbie considère avoir rempli ses obligations à l'égard du TPIY, espérant pouvoir engranger des résultats dans ses ambitions européennes.