Le scandale des écoutes téléphoniques, qui ébranle l'empire de presse de Rupert Murdoch, a donné des idées à certaines célébrités qui ont saisi cette occasion pour lancer une offensive contre les méthodes des tabloïds friands de détails croustillants sur leur vie privée.

C'est le célèbre acteur britannique Hugh Grant qui a mené la charge. Jouant pendant quelques heures les Rouletabille -le «rôle de sa vie», ironisait un journal- il dit avoir piégé un ancien journaliste du News of the World, le journal du groupe Murdoch par qui le scandale est arrivé: il a enregistré une conversation où ce dernier admet, selon le comédien, que son journal pratiquait des écoutes «à grande échelle».

‪Hugh Grant figure aussi en bonne place sur la liste des signataires de la pétition lancée pour réclamer la création d'une commission d'enquête sur l'affaire et l'adoption de règles plus contraignantes en matière de respect de la vie privée. L'initiative a rallié d'autres personnalités comme Jemina Khan, l'une des 4000 victimes présumées de l'affaire du News of the World, ou l'ancien patron de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Max Mosley. En 2008, le News of the World avait publié des photos et des vidéos de séances sado-masochistes auquel il participait avec cinq prostituées.

‪Le scandale des écoutes téléphoniques, qui a débuté dans les années 2000, n'a suscité pendant longtemps que peu d'intérêt dans l'opinion, malgré les plaintes de plusieurs acteurs britanniques comme Sienna Miller.

‪Mais la révélation le 4 juillet que le téléphone portable d'une écolière disparue, puis retrouvée assassinée, avait été piraté par le journal a mis le feu aux poudres.

‪Hugh Grant «a été éloquent. Il a su parler aux gens et les intéresser à la question», a souligné Martin Moore, coordinateur de Hacked Off, jeu de mots sur hacking (écoutes) et «hacked off» («Ras le bol»). La pétition a déjà recueilli plus de 8400 signatures.

‪L'acteur a aussi fait le tour des studios de télévision ces quinze derniers jours pour raconter comment il avait piégé le reporter du NotW, Paul McMullan.

‪Invité de plusieurs talk-shows, il a eu quelques échanges acerbes et hauts en couleur avec des journalistes qui l'ont accusé d'être simplement amer sur la manière dont la presse avait couvert son arrestation avec une prostituée, en 1995 aux États-Unis.

‪«Si vous ne voulez pas être dans les journaux, vous n'avez qu'à garder votre pantalon», lui a notamment lancé l'un des animateurs. «C'est pathétique», a rétorqué l'acteur.

Le comédien Steve Coogan, qui a joué notamment dans les films Tropic Thunder et 24 Hour Party People, et a été lui aussi la cible des tabloïds, s'en est pris également à McMullan, l'accusant sur la BBC de personnifier la «faillite morale».

‪De son côté, Jemina Khan a raconté, dans les colonnes du quotidien de gauche The Independent, le «long et douloureux processus pour tenter de faire éclater la vérité» sur la façon dont son téléphone avait été piraté.

‪«La presse, la police et les parlementaires étaient tous de mèche dans cette affaire», a-t-elle accusé.

‪Pour Martin Moore, l'objectif de Hacked off est de parvenir à une plus grande «transparence» dans les médias et un changement de culture au sein des rédactions de la presse à sensation, pour mettre un terme à ce genre de pratiques.

‪D'autres sont passés à l'offensive judiciaire: l'acteur Jude Law, qui a joué dans Sherlock Holmes, a ainsi annoncé qu'il allait engager une action contre un autre tabloïd du groupe Murdoch: il accuse le Sun d'avoir écrit plusieurs articles sur lui en se servant d'informations recueillies en écoutant sa messagerie vocale.