Le tabloïd News of the World a rendu l'âme dimanche, mais le scandale des écoutes téléphoniques redouble à la suite de nouvelles révélations-chocs.

Si Rupert Murdoch croyait que le pire serait derrière lui après la fermeture de son tabloïd News of the World, il se trompait gravement. D'autres journaux britanniques de l'octogénaire, qui est à Londres depuis dimanche pour affronter la crise, sont maintenant soupçonnés d'escroquerie.

Scotland Yard a informé l'ancien premier ministre Gordon Brown hier que le dossier médical de son fils Fraser avait été obtenu illégalement en 2006 par le quotidien le plus lu en Grande-Bretagne, The Sun, propriété de News Corporation. Peu de temps après, le tabloïd avait révélé que le garçon souffrait de fibrose kystique. D'autres membres de la famille du premier ministre, dont sa femme Sarah, ont aussi été espionnés, selon The Guardian.

Gordon Brown a été espionné durant plus de 10 ans, d'abord en tant que chancelier de l'échiquier (avant 2007), puis alors qu'il était premier ministre (de 2007 à 2010), selon le quotidien britannique.

Soupçonné par ses détracteurs, dont le nombre a monté en flèche depuis la semaine dernière, de souffler le chaud et le froid sur la sphère politique britannique, Rupert Murdoch appuyait pourtant les travaillistes de Gordon Brown à l'époque.

Un arnaqueur agissant pour le compte du Sunday Times, version dominicale du Times, s'est par ailleurs fait passer six fois pour M. Brown afin d'obtenir ses détails bancaires.

Les avocats de l'ancien dirigeant travailliste ont également été bernés.

Des enquêteurs de Scotland Yard ont confirmé hier que la reine Élisabeth, le prince Charles et 10 autres membres de la famille royale avaient été mis sur écoute téléphonique. Selon le New York Times, les cellulaires de cinq haut placés de la police métropolitaine de Londres ont également été ciblés. Les noms de l'ancien enquêteur principal du dossier, Andy Hayman, et de l'ancien directeur, Sir Ian Blair, ont été évoqués.

Le News of the World est accusé d'avoir, de 2002 à 2006, piraté les boîtes vocales de 4000 personnes, dont celle d'une adolescente de 13 ans, Milly Dowler, après sa disparition.

Ses parents ont d'ailleurs exigé hier pour la première fois la démission de Rebekah Brooks, directrice de l'information à l'époque du meurtre de leur fille. Elle était au Sun à l'époque où la condition médicale du fils de Gordon Brown a été rendue publique.

Mais Rupert Murdoch et son fil James persistent à donner leur appui inconditionnel à la rousse de 43 ans, aujourd'hui à la tête de News International, filiale britannique de News Corporation.

«Déconnecté»

Le magnat de la presse et Rebekah Brooks ont souri à des photographes, dimanche, alors qu'ils sortaient d'un appartement de luxe dans le centre-ville de Londres.

Interrogé sur sa «priorité», Rupert Murdoch a répondu «celle-ci» en montrant sa protégée. Ce geste, le jour même où 200 de ses journalistes faisaient leurs boîtes, a été perçu comme un énorme faux pas.

«L'homme est de plus en plus déconnecté de la réalité et, s'il ne fait pas attention, il va perdre son entreprise», a écrit le célèbre chroniqueur médias Roy Greenslade.

Son projet d'acquérir les lucratives chaînes satellites de British Sky Broadcasting (BSkyB) au coût de 14 milliards de dollars a été reporté d'au moins six mois hier. David Cameron a qualifié d'«épouvantables» les derniers rebondissements de l'enquête sur les pratiques de News Corporation et a promis la création d'un conseil de presse plus robuste.