Le chef d'un groupe de néo-nazis russes et quatre autres membres ont été condamnés lundi à Moscou à la détention à perpétuité pour 27 meurtres commis entre 2007 et 2008, et terrorisme, a rapporté une journaliste de l'AFP depuis la salle d'audience.

Lev Molotkov, leader de l'Union nationale-socialiste, interdite, «représente un danger extrême pour la société», a déclaré le juge Nikolaï Tkatchouk du tribunal de Moscou.

Quatre autres membres du groupe ont également été condamnés à la perpétuité.

Sept autres militants dont une jeune femme ont été condamnés à des peines allant de 10 à 23 ans de prison. Un militant qui s'était rendu de lui-même et avait collaboré avec les enquêteurs a pour sa part été condamné à huit ans avec sursis.

Le père de l'un des accusés a éclaté en sanglots après l'énoncé du verdict, accusant les juges d'avoir condamné des innocents.

Les accusés ont de leur côté crié en choeur: «Notre conscience est au-dessus des lois!»

Selon le texte du jugement, les militants, qui s'étaient organisés via l'internet, ont tué à Moscou des personnes «d'apparence non slave» à coups de marteau, avec des couteaux ou des battes de base-ball.

«Ils ont planifié ces meurtres comme des actes de nettoyage de la Russie», selon le texte du jugement.

Les militants ont également été accusés d'avoir tenté de fabriquer des explosifs pour commettre un attentat dans une centrale électrique dans la banlieue de Moscou.

Maria Malakhovskaïa, avocate de l'un des militants, 21 ans, au chômage, et condamnée à 20 ans de prison, a qualifié le jugement de «totalement biaisé» et a promis de faire appel.

Au début de l'audience, les accusés -dont certains avaient le crâne rasé et portaient des masques chirurgicaux pour cacher leur visage- ont crié des slogans antisémites et insulté les journalistes présents.

D'importantes mesures de sécurité ont été prises au tribunal, plusieurs policiers anti-émeutes entourant les cages en verre blindé où étaient assis les accusés. Des chiens ont été amenés dans la salle d'audience pour chercher d'éventuels explosifs.

Le procès a débuté en avril 2010 et s'est tenu à huis clos dans un tribunal militaire, l'un des militants étant également accusé de désertion.

L'énoncé du verdict a été transféré au tribunal municipal de Moscou pour des raisons de sécurité.

L'avocat de l'un des accusés, Dmitri Bakharev, avait auparavant affirmé que les accusés avaient avoué leurs crimes «sous la torture», certains étant ensuite revenus sur leurs déclarations.

L'Union nationale-socialiste, créée en 2004, a été interdite en février 2010 sur décision de la Cour suprême russe pour extrémisme.

Les agressions à caractère raciste, souvent commises par des bandes de skinheads, se sont multipliées ces dernières années en Russie. Elles visent généralement des Caucasiens et des immigrés des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, mais aussi des personnes originaires d'Afrique ou d'Asie.

Le nombre des crimes et délits à caractère raciste a augmenté de près de 20% en 2010 en Russie par rapport à 2009, selon le procureur général russe, qui a reconnu en avril dernier que les autorités ne parvenaient pas à enrayer la tendance.

La Russie a connu une vague de manifestations nationalistes et de heurts xénophobes à la fin 2010, déclenchée par le meurtre d'un jeune amateur de football dans une rixe à Moscou avec des Caucasiens.