Pas de scénario à la Titanic en vue pour Silvio Berlusconi, qui a subi samedi un nouveau revers avec la condamnation de son groupe à verser 560 millions d'euros à Carlo De Benedetti: sa survie politique, au moins à court terme, n'est pas remise en cause, estiment les experts.

«Paradoxalement, la situation est déjà tellement grave qu'elle ne peut plus empirer», analyse pour l'AFP Franco Pavoncello, professeur de Sciences politiques à l'Université américaine de Rome, alors que le Cavaliere vient de perdre les municipales et des référendums sur l'eau, le nucléaire et son immunité judiciaire.

Samedi, la cour d'appel de Milan a chargé la barque en sanctionnant son groupe Fininvest pour avoir corrompu un juge et des avocats afin de prendre le contrôle du premier éditeur de la péninsule, Mondadori.

Cette semaine, dans une volte-face humiliante, le chef du gouvernement avait été contraint de retirer une mesure suspendant les sanctions supérieures à 20 millions d'euros (environ 27,5 millions de dollars canadiens) en appel jusqu'à la décision définitive en cassation, perçue comme un instrument pro domo pour éviter à Fininvest de passer à la caisse.

«On pourrait penser qu'on est arrivé au moment auquel le gouvernement, paralysé, devrait démissionner», relève le Pr Pavoncello, «mais je ne crois pas qu'il y aura de grands changements», s'empresse-t-il d'ajouter.

«Ni Berlusconi ni (son allié de la Ligue du Nord Umberto) Bossi ne disposent d'un avenir à long terme, donc ils ne s'inquiètent pas pour ce qui pourra se passer en 2013 (échéance de la législature en cours), ils continuent à avancer en essayant de gagner du temps», analyse-t-il en prédisant un «statu quo».

Un avis partagé par Giacomo Marramao, professeur de philosophie politique à l'université Rome III: «Nous sommes maintenant entrés dans le crépuscule de Berlusconi (qui a annoncé cette semaine qu'il ne se représenterait pas en 2013), mais on ne sait pas combien de temps il durera, d'autant plus que la stratégie de l'opposition ne semble pas tellement claire».

«Le problème est qu'il n'y pas d'unité de la gauche italienne, qui ne dispose pas d'une ligne cohérente», explique-t-il à l'AFP.

En tant que Premier ministre, Silvio Berlusconi, dont la mort politique a été annoncée maintes fois sans jamais s'avérer, semble donc sain et sauf, mais qu'en est-il de l'homme d'affaires ?

«C'est un coup très dur pour la Fininvest, au niveau financier et économique, la sentence reconnaît la responsabilité du groupe dans la corruption», estime Franco Pavoncello.

Dès l'annonce du verdict, Marina Berlusconi, fille aînée du Cavaliere et présidente de Fininvest, a d'ailleurs dénoncé «une somme démesurée (...) équivalant au double de la valeur de la participation de Fininvest dans Mondadori».

Giacomo Marramao se veut néanmoins rassurant: «Financièrement, Berlusconi peut encaisser ce coup».

Le Cavaliere, qui se plaint régulièrement de dépenser des fortunes en frais d'avocats pour faire face aux nombreuses poursuites dont il fait l'objet, est à la tête de la troisième fortune d'Italie (9,4 milliards de dollars), selon le classement 2010 du magazine Forbes.

Imperturbable, il a quitté samedi la capitale italienne pour se rendre dans sa luxueuse résidence en Sardaigne.