Alfredo Perez Rubalcaba a été désigné samedi candidat du Parti socialiste espagnol aux élections de mars 2012, prononçant un premier discours centré sur le chômage élevé dont souffre le pays, alors que l'échéance électorale s'annonce très compliquée pour le parti au pouvoir.

«L'Espagne vit un moment difficile qui exige de grands engagements et c'est pour cela que je suis là: je pense être utile à mon pays», a déclaré le vice-président, après avoir été proclamé candidat par le Comité fédéral du PSOE.

Dans un discours d'une heure, ponctué comme à son habitude de nombreux traits d'humour, M. Rubalcaba, ministre de l'Intérieur depuis 2006 et numéro deux du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero depuis 2010, a dévoilé les grandes lignes d'un programme résolument à gauche.

«L'urgence est de créer de l'emploi», a-t-il affirmé, alors que le pays, frappé par l'éclatement de sa bulle immobilière en 2008, souffre du taux de chômage le plus élevé de l'OCDE: 21,29%.

Sa proposition-phare est de «demander aux caisses d'épargne et aux banques qu'elles consacrent une part de leurs bénéfices à la création d'emploi».

Cette mesure doit aider les jeunes espagnols, parmi les plus touchés par le chômage (45,4% des 16-24 ans sont sans emploi), «parce que les banques peuvent attendre, mais pas les jeunes», a-t-il insisté.

Le pays vit depuis mai un vaste mouvement de protestation des citoyens, surtout des jeunes, par des campements dans les villes, des manifestations et des marches.

«Nous devons écouter ce que nous dit la rue et agir en conséquence», a-t-il dit, notamment pour «proposer une réforme du système électoral», comme le réclame ce mouvement des «indignés».

Mais, même si les mesures d'austérité prises par le gouvernement socialiste ces derniers mois l'ont rendu impopulaire, «je vais exiger de vous de l'austérité, plus» qu'avant, a-t-il prévenu, et «nous aurons sûrement à instaurer de nouvelles réformes».

Car l'Espagne peine à sortir de la crise et suscite encore la méfiance sur les marchés financiers.

Le candidat socialiste a plaidé pour «une économie saine et compétitive», en stimulant le travail à temps partiel, en appliquant un impôt plus élevé pour les grandes fortunes et en luttant contre la corruption et l'évasion fiscale.

Mais pas question de céder à la dictature des marchés, a-t-il promis: «il y a des gens qui pensent que la politique a perdu la bataille et que les marchés font ce qu'ils veulent» alors que «c'est la politique qui doit résoudre les problèmes, toujours la politique».

«Arrêtons de nous plaindre des agences de notation, créons-en une européenne, pour nous défendre», a-t-il plaidé, quelques jours après la baisse de la note du Portugal, très critiquée en Europe.

M. Rubalcaba, âgé de 59 ans et l'un des plus proches alliés de M. Zapatero, avait annoncé vendredi qu'il quittait ses fonctions pour se consacrer à la candidature.

M. Zapatero avait lui décidé dès avril de ne pas se présenter pour un troisième mandat en 2012, laissant la voie libre à son numéro deux, connu comme l'artisan de la lutte contre le groupe basque armé ETA, avec de nombreuses victoires policières ces derniers mois.

Chimiste de formation, M. Rubalcaba, né le 28 juillet 1951 dans le nord de l'Espagne, est marié et fervent partisan du Real Madrid.

Les socialistes, au pouvoir en Espagne depuis 2004, sont en très mauvaise posture à neuf mois des législatives, et déjà le 22 mai, ils ont subi une débâcle face au Parti populaire (PP) de droite aux élections locales.

Un sondage publié dimanche dernier dans El Pais montrait que, si les élections se déroulaient maintenant, le PP, dirigé par Mariano Rajoy, l'emporterait avec plus de 14 points d'avance sur le PSOE.

«Nous devons convaincre des millions d'Espagnols de nous redonner leur confiance», a asséné M. Rubalcaba, avant d'ajouter: «Je sais que c'est une tâche faisable».