L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic a refusé de plaider coupable ou non coupable lundi devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avant d'être évacué de la salle d'audience.

«Le tribunal vous met en garde contre le fait que vous allez être évacué de la salle. Sécurité, faites sortir M. Mladic,» a lancé le juge néerlandais Alfons Orie, alors que l'ancien général venait de crier en sa direction: «vous ne me laissez pas respirer».

Il avait quelques instants plus tôt refusé de plaider coupable ou non coupable des onze chefs d'accusation de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis durant la guerre de Bosnie (1992-1995) pesant contre lui.

Cela avait déjà été le cas lors de sa première audience de comparution initiale à La Haye le 3 juin, au cours de laquelle il avait affirmé avoir besoin d'un délai supplémentaire pour prendre connaissance de l'acte d'accusation.

Le juge Orie a donc pris note lundi d'un plaidoyer de non culpabilité au nom de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, comme le prévoit le règlement du tribunal. L'audience a été interrompue quelques instants après l'évacuation de M. Mladic.

Dimanche, l'avocat en Serbie de M. Mladic, Milos Saljic, avait assuré à l'AFP qu'il ne souhaitait pas comparaître lundi car le greffe n'avait pas encore désigné les membres permanents de son équipe de défense.

L'ancien général, qui encourt la prison à vie, était finalement présent dans le box des accusés lundi à 13h00, représenté par l'avocat commis d'office qui l'avait assisté lors de la première audience, Aleksandar Aleksic.

Celui-ci a demandé au juge Orie un nouveau report de l'audience pour permettre à M. Mladic de plaider coupable ou non ultérieurement. Il a également demandé à quitter le prétoire, expliquant que l'accusé avait refusé de communiquer avec lui lundi matin. Ces deux requêtes ont été rejetées par le juge Orie.

Dès l'ouverture de l'audience, M. Mladic, vêtu d'un costume gris clair, avait été rappelé à l'ordre par le juge car il tentait de communiquer avec le public présent à l'audience, comme il l'avait déjà fait, selon le juge, lors de sa première audience de comparution initiale, le 3 juin.

«Si vous continuez de vous adresser au public, M. Mladic, des mesures seront prises», a lancé le juge à l'accusé, qui l'a interrompu à plusieurs reprises au cours de l'audience.

«J'ai froid à la tête, qu'on me laisse récupérer ma casquette, quand j'ai froid, j'ai la moitié du corps qui ne répond plus», a rétorqué l'ancien général, âgé de 69 ans. Le juge a refusé.

L'ancien général a ensuite demandé lui-même à bénéficier d'un délai de trente jours supplémentaires pour avoir le temps, selon lui, de se préparer avec les deux avocats par lesquels il souhaite être défendu, Milos Saljic et un avocat russe, Alexander Mezyayev.

«Il a déposé une liste de sept avocats très tard, seulement quelques jours avant cette audience», a expliqué à l'AFP Nerma Jelacic, la porte-parole du tribunal.

M. Saljic aurait eu la permission d'assister M. Mladic à l'audience en tant que conseiller juridique s'il s'était présenté au TPIY, a assuré M. Jelacic. «Mais il s'est avéré qu'il n'était même pas aux Pays-Bas».

«S'il veut plus tard plaider non coupable, il peut le faire», a ajouté la porte-parole, selon laquelle une audience de procédure devra être organisée «dans trois mois» au plus tard, comme le prévoit le règlement du tribunal.

Arrêté le 26 mai en Serbie après 16 ans de cavale et transféré le 31 mai à La Haye, Ratko Mladic est notamment accusé du massacre de Srebrenica en juillet 1995, le pire depuis la Seconde guerre mondiale, au cours duquel près de 8000 personnes avaient été exécutées.