Les forces de l'ordre de la Biélorussie ont tiré des gaz lacrymogènes et interpellé violemment des dizaines d'opposants venus participer dimanche soir à Minsk à une manifestation silencieuse contre le régime du président Alexandre Loukachenko le jour de la fête de l'Indépendance.

Des centaines de membres des forces de l'ordre armés de matraques sont intervenus sur la place de la gare, où des sympathisants de l'opposition tapaient dans leurs mains lors d'un rassemblement silencieux à l'appel du mouvement d'opposition «Révolution à travers les réseaux sociaux».

La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et interpellé toutes les personnes qui tapaient dans leurs mains en signe de protestation, quel que soit leur âge, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des dizaines de personnes, parmi lesquelles des journalistes, ont été emmenées par les forces de l'ordre dans des fourgons de police et certaines d'entre elles ont été frappées, selon la même source.

Une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans la soirée, a indiqué l'ONG biélorusse de défense des droits de l'homme Viasna, après qu'une vingtaine de personnes ont été appréhendées plus tôt dans la journée.

L'opposition a appelé à une journée de manifestations et voulait auparavant perturber le discours de l'autoritaire chef de l'Etat à la fête de l'Indépendance, pour protester contre la répression des détracteurs du régime et les mesures d'austérité dans le pays confronté à une grave crise économique.

Le président Loukachenko est déjà très critiqué, en particulier en Occident, en raison de la répression de l'opposition qui s'est intensifiée dans la foulée de la présidentielle controversée de décembre 2010.

Des concerts ont été organisés sur les places centrales de plusieurs villes du pays dans une apparente tentative d'empêcher les rassemblements d'opposants.

L'ancien président et opposant biélorusse Stanislav Chouchkevitch a déclaré dimanche à l'AFP avoir été interpellé et retenu pendant plusieurs heures par la police avant la fête de l'Indépendance.

Un groupe d'étudiants voyageant dans le même train a également été appréhendé.

Dans la matinée, quelque 4000 soldats et 160 engins militaires ont défilé à Minsk, et des avions de chasse ont survolé le ciel de la capitale durant une parade agrémentée de danses folkloriques pour la fête de l'Indépendance.

M. Loukachenko, vêtu d'un uniforme militaire et accompagné par son jeune fils Kolia, né d'une relation extra-conjugale, a lancé une sévère mise en garde à l'opposition.

«On nous impose des scénarios sans scrupule de révolution de couleur qui ont eu lieu dans d'autres capitales», a déclaré M. Loukachenko, en référence aux soulèvements populaires qui ont entraîné des changements de régime dans deux autres républiques de l'ex-URSS, l'Ukraine («révolution orange» en 2004) et la Géorgie («révolution des roses» en 2003).

«Ils veulent nous mettre à genoux et réduire à zéro notre indépendance. Cela ne se produira pas», a averti M. Loukachenko dans une allusion à l'opposition.

Dimanche, la page d'accueil sur internet du mouvement d'opposition «Révolution à travers les réseaux sociaux» a été bloquée.

«Les autorités déploient des efforts titanesques pour briser une vague de protestations civiles», a déploré le site d'opposition Charter 97.

Depuis plusieurs semaines, des appels à des rassemblements silencieux ont été lancés sur Facebook et sur son équivalent russophone Vkontakte en Biélorussie.

La Biélorussie, un petit pays de 10 millions d'habitants à l'économie dirigiste, est confronté à sa plus grave crise --déficit commercial abyssal et pénurie de devises-- depuis l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Loukachenko il y a près de 17 ans.