De retour en France après avoir été retenus en otages un an et demi en Afghanistan, les deux journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont assuré jeudi qu'ils se portaient bien, qu'ils n'avaient jamais été menacés ni maltraités, mais que leurs conditions de vie avaient été difficiles.

«On va très très très bien», a déclaré Stéphane Taponier lors d'une conférence de presse organisée sur le tarmac de l'aéroport militaire de Villacoublay, où avait atterri un peu plus tôt l'avion qui les ramenait de Kaboul, lui et son collègue.

«On a bien tenu le coup. On savait que l'issue allait être favorable», a confié le caméraman de France 3. «On représentait quelque chose d'important pour eux», a-t-il dit à propos des talibans. «Et jamais on n'a été menacés, pas maltraités, c'est surtout les conditions de vie qui ont été très très difficiles».

«On n'a pas été frappés, on n'a pas été attachés», a confirmé Hervé Ghesquière. Mais la nourriture, celle des montagnes afghanes, était toujours la même. Et les otages ne pouvaient sortir de la pièce où ils étaient retenus que deux fois par jour, pour aller aux toilettes, le matin et le soir, a-t-il raconté.

«Il fallait être super-solide», a commenté le reporter, en expliquant comment les deux collègues avaient lutté contre l'ennui et le découragement. «Il fallait bien structurer son temps».

Ils ont fait de la culture physique: «Faire de l'exercice, même dans une pièce qui fait 10m2, c'est évacuer du stress», a souligné Hervé Ghesquière, précisant qu'il s'y était adonné trois quarts d'heure par jour, contre plusieurs heures quotidiennes pour son collègue Stéphane.

Hervé Ghesquière a aussi «beaucoup écrit» pendant sa détention. Mais comme les ravisseurs voulaient qu'aucun document ne sorte, «ils m'ont tout piqué: 500 feuillets!» a-t-il déploré, en employant le terme utilisé par les journalistes pour mesurer la longueur de leurs articles (sachant qu'un feuillet représente 250 mots).

Séparés au bout de trois mois, les deux reporters ont reçu des talibans une radio chacun. Stéphane Taponier, qui réussissait à capter Radio France Internationale (RFI), station qui diffusait des messages de soutien, a confié que «ces nouvelles, ça nous faisait chaud au coeur».

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier réalisaient un reportage sur la reconstruction d'une route à l'est de Kaboul pour le magazine Pièces à conviction de France 3 lorsqu'ils ont été enlevés fin décembre 2009.

Libérés mercredi, ils ont été conduits à la base militaire de Tagab puis à l'ambassade de France à Kaboul, où ils ont pris l'avion pour la France. Leur appareil s'est posé jeudi matin à l'aéroport militaire de Villacoublay, dans les Yvelines.

À leur descente d'avion, ils ont été accueillis par quelques proches et par le président Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé était présent, ainsi que celui de la Défense Gérard Longuet.

Hervé Ghesquière a confié sur France 3 qu'il souhaitait «retrouver une vie normale au plus vite» et «surtout ne pas jouer les ex-otages. C'est pas du tout le genre de la maison, ni la mienne, ni celle de Stéphane Taponier!»