Les deux journalistes français Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, otages en Afghanistan depuis 18 mois, ont retrouvé la liberté mercredi, ont annoncé les autorités françaises, qui ont assuré n'avoir versé aucune rançon pour cette libération.

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, qui travaillaient pour un magazine de la chaîne de télévision publique France 3, avaient été enlevés le 30 décembre 2009 à 60 kilomètres de Kaboul, dans la province de Kapisa, région dont sont chargées les troupes françaises dans le cadre de la coalition.

Les deux journalistes français ont pris l'avion pour la France où ils sont attendus jeudi matin, selon une source proche du dossier.

«Ils ont décollé de Kaboul peu après 1h (04h30, heure de Montréal) pour Paris, où ils sont attendus jeudi matin à l'aéroport de Villacoublay», a déclaré cette source par téléphone à l'AFP, précisant qu'ils devraient atterrir en France entre 8h et 09h, heure de Paris (entre 02h et 03h, heure de Montréal).

L'interprète afghan des deux journalistes, Reza Din, a également été relâché mercredi. Leurs deux autres accompagnateurs ont été libérés «il y a un certain temps», mais cette libération n'avait pas été rendue publique pour des raisons de sécurité, a précisé le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Les deux journalistes sont «dans un état de santé physique et moral étonnamment bon» eu égard à la durée de leur détention, a déclaré à l'AFP un responsable de l'ambassade de France à Kaboul, où se trouvaient les deux hommes.

Les deux reporters de France 3 ont été «récupérés quelque part dans la province de Kapisa (au nord-est de Kaboul), qu'ils n'ont jamais quittée depuis leur enlèvement», selon cette même source.

«La France ne paie pas de rançons», a affirmé M. Juppé, interrogé sur les circonstances de la libération de deux journalistes.

Le chef de la diplomatie a ajouté, lors d'une brève déclaration à la presse, que le président afghan Hamid Karzaï avait beaucoup «aidé» à leur libération.

Le président Nicolas Sarkozy a remercié son homologue afghan qui, de son côté, a félicité la France pour cette libération.

«Ils arriveront demain matin à Villacoublay (près de Paris) à 8h (2h, heure de Montréal) et je serai bien évidement là pour les accueillir», a déclaré Béatrice Coulon, compagne d'Hervé Ghesquière.

«On est passé des larmes au rire!», a raconté la journaliste Florence Aubenas, ex-otage en Irak et marraine du comité de soutien aux otages, qui participait à Paris au rassemblement pour les 550 jours de leur captivité, quand a éclaté l'annonce de la libération des deux journalistes.

Même émotion du côté de la mère de Stéphane Taponier, également présente, qui a raconté avoir appris la nouvelle «par téléphone». «C'est le président Sarkozy. Ils étaient libres et ils arrivaient demain. Voilà, c'est merveilleux c'est tout ce que j'ai à vous dire».

Joie, soulagement, plaisir et hommage au travail des journalistes en zone de conflit, la déferlante de réactions était unanime après l'annonce de cette libération.

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a salué l'événement. «Soulagé de la libération de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier en Afghanistan. L'Europe attend leur retour», a écrit M. Buzek dans un message sur son compte Twitter.

«C'est la très, très bonne nouvelle, c'est un soulagement, même si on avait des éléments qui nous donnaient à penser que les négociations se déroulaient normalement. On a eu tellement de douches écossaises et tellement de mauvaises nouvelles qu'on avait toujours peur que ça ne débouche pas», a réagit Rémy Pflimlin, président de France Télévisions.

Interrogé sur les circonstances de leur libération, le président du groupe public a déclaré: «Je ne pense pas que ce soit une opération commando. Ils ont été emmenés dans une zone où on pouvait les appeler par téléphone, c'est là qu'ils ont pu être remis aux Français».

Aucun détail n'avait été communiqué mercredi soir par le gouvernement français sur la teneur des négociations entre les services français et les ravisseurs.

Au siège parisien de Reporters sans Frontières, les portraits des otages qui ornaient la façade depuis 18 mois étaient en train d'être décrochés.

À l'issue du rassemblement dans le centre de Paris, qui s'est transformé en une fête improvisée, Florence Aubenas n'en revenait toujours pas: «Ils sont là, après 550 jours! C'est inouï! On est venus à 14h avec nos mouchoirs, on repart maintenant avec le sourire!».