Équipés de sacs de couchage, prêts à affronter la chaleur estivale, une cinquantaine d'«indignés» sont partis samedi matin de Barcelone pour rejoindre en 29 jours et à pied Madrid, où ils retrouveront d'autres marcheurs pour une grande manifestation le 24 juillet.

Le parcours prévu, de 652 kilomètres, est le plus long des trois «marches populaires indignées» qui convergeront vers la capitale pendant les prochaines semaines, l'une étant partie de Valence lundi, l'autre de Cadix jeudi.

Comme les autres mouvements, le groupe de Barcelone va traverser 29 villes et villages, dans ce qu'il considère comme «une étape supplémentaire pour faire parvenir l'indignation», explique David, un des organisateurs, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

À chaque arrêt, il organisera une assemblée «car nous croyons que marcher est un moyen d'échanger, d'écouter et de construire des avenirs, qui sont nombreux et divers, mais qui sont ici unis par la même indignation», précise le communiqué du mouvement.

Après s'être échauffés sous les conseils de l'équipe médicale - un médecin et d'une infirmière au chômage -, les participants ont entamé leur marche peu avant 7h (0h, heure de Montréal), encouragés par les applaudissements de passants et de sympathisants. Cinq d'entre eux ont pris le départ à vélo.

«Nous nous sommes préparés à tout type d'urgence, pour qu'il n'y ait aucun obstacle ni motif empêchant que la marche s'effectue normalement», confie le médecin, Alvaro, qui dit quitter «chargé de médicaments».

Outre les sacs de couchage, les marcheurs sont munis de tapis de sol et de matériel contre les piqûres d'insectes et les douleurs musculaires.

«Il faut faire très attention aux insolations, aux petites contusions, aux crampes et aux ampoules», souligne Laura, l'infirmière, qui porte un gilet fluorescent avec une croix rouge et l'inscription «service médical».

«C'est une étape de plus pour les indignés. D'abord, nous avons pris les rues, puis les places, maintenant les routes», assure Rafael de la Rubia, coordinateur international du mouvement «World without war» (un monde sans guerre), qui avait mené en 2009 une marche à travers 100 pays pour promouvoir la paix. «Après, nous prendrons l'Europe», prédit-il.

Roc Peris, 21 ans, prévoit de combiner cette marche avec son travail de technicien dans le milieu du spectacle: «Je vais marcher (avec eux) ce week-end, puis je reprendrai le travail jusqu'au 16 juillet et je les rejoindrai pour l'arrivée à Madrid, là-bas ce sera impressionnant».

«Maintenant nous sommes une cinquantaine, mais déjà à Vallirana (une petite ville à l'est de Barcelone), notre première étape, beaucoup d'autres nous attendent», affirme Jorge, informaticien de 44 ans, qui porte sur son sac à dos un panneau où est inscrit: «indigne-toi, tu vas sûrement trouver une raison... ne nous regarde pas, rejoins-nous».

Ester, une Basque de 25 ans venue avec son équipement de montagne, compte elle aussi participer à la marche, malgré son travail d'agent administratif: «Cette marche me donne beaucoup d'espoir», déclare-t-elle, alors «je prendrai quelques jours de congé pour l'arrivée à Madrid».

Né spontanément le 15 mai d'une petite manifestation de citoyens, le mouvement des «indignés», essentiellement contre le chômage et la crise, s'est propagé à toute l'Espagne, relayé par les réseaux sociaux.

Après le démantèlement le 12 juin du campement emblématique de la Puerta del Sol à Madrid, les «indignés» veulent poursuivre leur action par des assemblées populaires et des manifestations ponctuelles.