Les dirigeants européens se retrouvent jeudi soir en sommet à Bruxelles sur fond de pression croissante, des États-Unis notamment, pour régler rapidement la crise grecque afin d'éviter l'embrasement de la zone euro et de l'économie mondiale.

La banque centrale américaine a insisté mercredi soir sur «l'importance incroyable de résoudre la situation grecque», qui est «très difficile».

«S'il y a une incapacité à résoudre cette situation, cela constituerait une menace pour les systèmes financiers européens, le système financier mondial et pour l'unité politique de l'Europe», a estimé son président, Ben Bernanke.

Les difficultés et atermoiements depuis un an et demi de la zone euro à surmonter la crise de la dette partie de Grèce, ont relancé le débat sur l'avenir de l'Union monétaire, créée en 1999, mais qui souffre de défauts de conception comme l'absence de politique budgétaire commune.

Beaucoup craignent que, tout comme les Américains avaient précipité la finance mondiale dans la crise en laissant la banque Lehman Brothers faire faillite mi-septembre 2008, les Européens provoquent des turbulences dépassant largement la zone euro s'ils ne peuvent pas empêcher la faillite de la Grèce.

Sauf surprise, ceux qui réclament une solution dès le sommet de Bruxelles risquent néanmoins d'en être pour leurs frais. Les dirigeants devraient surtout renouveler leurs pressions sur la Grèce pour que son parlement adopte un plan d'austérité strict la semaine prochaine, tout en renouvelant leur disposition à l'aider.

«La priorité c'est que la Grèce s'aide elle-même, afin que les autres Européens puissent lui venir en aide», a déclaré jeudi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

Il a appelé l'opposition de droite en Grèce à soutenir les projets du gouvernement. Mais le chef de file de l'opposition, Antonis Samaras, a de nouveau refusé à Bruxelles, en critiquant les hausses d'impôts prévues.

Les Européens ont a priori repoussé les grandes décisions sur la Grèce au 3 juillet dans l'attente du vote du parlement. Le FMI, qui participe aussi au plan de sauvetage grec, exige la même chose, ainsi que des garanties sur le financement futur de la Grèce.

En clair, l'assurance de nouvelles aides en plus des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans qu'Athènes s'était vu promettre l'an dernier, et qui ne suffisent plus: les trous à boucher sont chiffrés à une centaine de milliards d'euros d'ici fin 2014.

Selon un diplomate européen de haut rang, les dirigeants de l'UE devraient malgré tout «essayer de donner l'engagement que le FMI souhaite».

Ils discuteront également de la manière d'organiser la participation volontaire des banques et autres créanciers privés à un nouveau plan grec sans doute supérieur à 100 milliards d'euros.

Dans une série de capitales, notamment à Paris, le gouvernement a déjà organisé mercredi des consultations sur la question avec ces créanciers.

Une réunion sur ces sujets en petit comité des principaux acteurs de la crise grecque, avec notamment la chancelière allemande Angela Merkel, le chef de l'État français Nicolas Sarkozy et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, est prévue juste avant le début du sommet.

Au-delà du cas grec, le sommet devrait entériner plusieurs mesures censées permettre à la zone euro de mieux se défendre à l'avenir contre des crises de la dette, notamment le renforcement de son filet de secours financier.

La nomination de l'Italien Mario Draghi à la tête de la Banque centrale européenne, en remplacement du Français Jean-Claude Trichet, devrait aussi être validée, même si une incertitude subsiste car la France veut avoir la garantie d'un poste au sein du directoire de l'institution.