Des rencontres entre représentants des communautés protestantes et catholiques se sont tenues mercredi à Belfast où les forces de police étaient omniprésentes, dans le but de prévenir une troisième nuit de violences.

Un photographe de presse a été blessé par balle dans la nuit de mardi à mercredi lors de la deuxième soirée d'émeutes entre catholiques et protestants à Belfast, «les pires depuis longtemps» en Irlande du Nord, selon la police.

Comme la nuit précédente, trois à quatre cents personnes se sont rassemblées, selon les forces de l'ordre, dans l'une des zones les plus sensibles de l'est de Belfast à l'intersection de deux rues: Lower Newtownards, un quartier protestant, et Short Strand, un petit quartier catholique.

Cocktails Molotov et projectiles ont été échangés, tandis que la police faisait usage de canons à eau. Plusieurs coups de feu ont été tirés, blessant au mollet un photographe de l'agence britannique Press Association (PA).

«J'ai entendu quatre ou cinq tirs. Je me suis retourné et j'ai vu quelqu'un de PA dire: «je suis touché». Sa jambe était en sang», a raconté Peter Mulhy, un photographe de l'AFP présent sur les lieux.

Le tireur faisait feu «au hasard, en direction du quartier protestant», a ajouté le photographe.

«La police peut confirmer que des dissidents républicains (catholiques partisans du rattachement de l'Ulster à L'Irlande) sont responsables des coups de feu tirés pendant les troubles de la nuit dernière», a indiqué un porte-parole.

La zone est l'une des plus tendues de Belfast, et a souvent été le théâtre d'émeutes, mais ces incidents sont «probablement les pires depuis longtemps», a estimé le numéro deux de la police nord-irlandaise, Alistair Finlay, après la première nuit d'émeute, lundi, qui a fait deux blessés par balles.

«On n'avait pas eu de coup de feu dans ce secteur depuis des années» ,a témoigné Chantelle Stewart, une jeune mère de famille protestante de 21 ans qui vit juste en face du secteur catholique qui s'est enflammé mardi.

«J'ai été élevée dans la cohabitation entre catholiques et protestants. Les gens veulent juste la paix, ils veulent un endroit calme pour vivre, mais cela rappelle plutôt les années soixante-dix», dit-elle.

Le numéro 2 de la police nord-irlandaise a accusé l'Ulster Volunteer Force (UVF, groupe paramilitaire loyaliste) d'être à l'origine des heurts: «C'est l'UVF dans l'est de Belfast qui a commencé... Ils sont mêlés à tout ça».

Les émeutes ont été déclenchées après que l'Ulster Volunteer Force (UVF, groupe paramilitaire loyaliste) eut attaqué des maisons catholiques du Short Strand, selon la police. L'UVF, qui défend l'appartenance de l'Ulster au Royaume-Uni, a officiellement renoncé à la lutte armée et rendu ses armes, dans le cadre du processus de paix signé en 1998.

L'accord a permis la fin des «Troubles», ces violences interconfessionnelles qui ont fait 3.500 morts en une trentaine d'années.

Mais quelques groupuscules radicaux, loyalistes protestants ou catholiques séparatistes, sont à l'origine de violences sporadiques et d'attentats isolés.

Le gouvernement biconfessionnel a condamné les émeutes. «Voir ce niveau de violences revenir dans nos rues est à la fois désolant et très inquiétant», a déclaré mercredi le premier ministre protestant Peter Robinson.

Le vice-premier ministre, le catholique Martin McGuinness, a assuré qu'il «ne sera pas permis à la petite communauté d'individus déterminés à déstabiliser nos communautés de nous faire replonger dans le passé».

Le président du parti catholique Sinn Féin, Gerry Adams, a de son côté appelé au «calme». Des dirigeants du Sinn Féin se sont rendus sur les lieux mercredi pour apaiser les tensions.