La Russie et la France ont signé vendredi la vente de deux navires de guerre français de classe Mistral pour plus d'un milliard d'euros, concluant des négociations de plusieurs mois sur ce marché controversé entre un pays de l'OTAN et l'ex-Armée Rouge.

L'accord a été signé lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg par des responsables du groupe de construction navale militaire français DCNS et le groupe public russe en charge du commerce d'armements Rosoboronexport, en présence du président russe Dmitri Medvedev.

Le montant du contrat s'élève à 1,12 milliard d'euros pour deux navires, a indiqué à des journalistes le ministre français du Commerce extérieur Pierre Lellouche, aussi présent à la signature.

«Ce contrat est historiquement et psychologiquement une nouvelle page», a-t-il déclaré, alors que la présidence française n'a eu de cesse d'appeler à considérer la Russie comme un partenaire, 20 ans après la fin de la guerre froide.

Paris a publié dès la signature un communiqué indiquant que le président français Nicolas Sarkozy se réjouissait de la vente de ces navires à Moscou, qui assurerait plus de 1.000 emplois en France pendant quatre ans.

Le patron de Rosoboronexport, Anatoli Issaïkine, a pour sa part évoqué un montant de 1,2 milliard d'euros, selon les agences russes.

Paris et Moscou avaient annoncé fin mai la signature d'un «accord définitif» sur la fourniture de quatre navires au total, au terme de délicates négociations sur le prix et les transferts de technologies exigés par les Russes.

«Ils transféreront toutes les technologies qui étaient promises depuis le début», a par ailleurs déclaré M. Issaïkine.

M. Lellouche a confirmé que les deux navires, qui doivent être construits en France, incluaient toutes les technologies que Moscou réclamait.

Toutefois, «cela ne permet pas la construction des deux autres navires, qui feront l'objet d'une décision ultérieure» et d'éventuelles nouvelles négociations, a précisé une source française proche du dossier à l'AFP.

Ce contrat a suscité des critiques de la part de Washington ainsi que de voisins de la Russie comme les pays baltes ou la Géorgie. C'est en effet la première fois qu'un pays membre de l'Alliance atlantique doit livrer du matériel militaire «sensible» à Moscou.

Ce contrat «ne contribue pas à accroître le sentiment de tranquillité dans la région», a indiqué à l'AFP le ministère lituanien des Affaires étrangères.

Il a émis l'espoir que les navires ne seraient pas utilisés «à des fins de déstabilisation de la sécurité internationale».

Une source haut placée au sein du ministère de la Défense russe a indiqué à l'agence Interfax que ces deux premiers navires permettraient notamment d'assurer la sécurité des îles Kouriles, revendiquées par le Japon.

Long de 200 m et jaugeant 21.600 tonnes, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral est capable de transporter des hélicoptères, des chars et des centaines d'hommes.

Le Forum économique de Saint-Pétersbourg, qui se veut une grand-messe des affaires à l'instar de celle de Davos (Suisse), avait été ouvert vendredi matin par les présidents russe et chinois Dmitri Medvedev et Hu Jintao.

En dépit d'intenses négociations jusqu'à jeudi soir à Moscou entre M. Hu et le premier ministre Vladimir Poutine, les deux parties ont toutefois échoué à trouver un accord sur un méga contrat prévoyant des livraisons de gaz russe à la Chine de quelque 70 milliards de mètres cubes par an sur les trente prochaines années.