Les dépouilles de victimes du crash du vol Air France Rio-Paris il y a deux ans, repêchées ces dernières semaines au large du Brésil, sont arrivées par bateau jeudi à Bayonne (sud-ouest de la France) avant le début vendredi d'un long processus d'identification.

Les corps de 104 victimes de cet accident qui avait fait 228 morts de 32 nationalités le 1er juin 2009, ainsi que des débris de l'avion, sont arrivés à bord du navire Ile-de-Sein dans le port de Bayonne.

Entré peu après 06h00 (Minuit HAE), le navire a accosté une heure plus tard, escorté d'un bateau de la marine nationale et d'un autre de la gendarmerie.

Mais les opérations de déchargement des quatre conteneurs, renfermant les dépouilles de victimes et les débris de l'avion, ont ensuite été perturbées par la panne d'une grue.

Après quelques heures d'interruption, ces opérations ont pu reprendre vers midi, alors que les forces de l'ordre ont maintenu bouclés les accès au port, par souci de discrétion vis-à-vis des familles de victimes. La sous-préfecture de Bayonne avait assuré que l'arrivée des corps se ferait dans «la dignité».

L'Ile-de-Sein, un câblier affrété par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) chargé de l'enquête technique en France sur l'accident du vol AF447, avait terminé le 3 juin les opérations de repêchage, par 3.900 mètres de fond dans l'Atlantique, de corps et de pièces de l'Airbus A330.

Cinquante corps avaient été retrouvés juste après le crash. Quelque 70 dépouilles reposent donc encore parmi les restes de l'épave au fond de l'océan.

Les corps devaient être acheminés dans la journée vers l'Institut médico-légal (IML) de Paris, où les travaux d'identification commenceront dès vendredi, selon la préfecture de police.

Ces opérations mobiliseront «trois médecins légistes, deux radiologues et deux orthodontistes». L'IML procèdera «aux examens techniques, dentaires et en particulier effectuera des prélèvements d'ADN».

«Il faut se donner au moins une bonne semaine voire deux avant d'apporter des éléments», a estimé la préfecture de police, «le but étant de rendre au plus tôt et au plus vite les corps aux familles».

Le chef de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale François Daoust avait estimé le 13 juin que ce travail d'identification  prendrait «des semaines, voire des mois».

Un processus d'identification qui divise les familles. Déjà «indignées» fin mai par le «déroulement chaotique de l'enquête technique» du BEA, elles sont partagées face à la décision de la justice d'avoir repêché leurs proches afin de les identifier.

«L'opération avait soulevé une polémique, certains la voulaient d'autres non. Nous avions demandé à la juge de préciser dans quelles conditions de dignité la remontée des corps serait organisée», avait expliqué le vice-président de l'association Entraide et Solidarité AF447 Robert Soulas.

Les pièces de l'avion doivent pour leur part être transférées à Toulouse (sud-ouest), dans des locaux de la direction générale de l'armement (DGA).

L'Ile-de-Sein enfin rejoindra après cette opération Santander, en Espagne, où il subira une révision pendant deux mois.

Grâce aux boîtes noires repêchées début mai, le BEA a pu établir que l'avion avait décroché et que la chute avait duré 3 minutes, sans pouvoir encore déterminer les causes du drame. Un rapport d'étape est attendu d'ici fin juillet.

Dans le volet judiciaire de ce dossier, Airbus et Air France sont inculpés pour homicides involontaires.