À un an de la présidentielle et à quelques jours de la traditionnelle «Gay pride», le mariage homosexuel a refait irruption dans le débat français via une proposition de loi de l'opposition à laquelle le gouvernement de droite a dit non, même si une partie de la majorité a évolué.

Sans surprise, l'Assemblée nationale a rejeté mardi, par 293 voix contre 222, ce texte visant à «ouvrir le mariage aux couples de même sexe», autorisé dans dix pays dans le monde.

L'opposition de gauche a voté pour à la quasi-unanimité tandis qu'une large majorité des députés du parti au pouvoir UMP (droite) et des centristes alliés à la formation présidentielle s'y sont opposés.

Mais la majorité n'a pas fait le plein des voix. Dix membres du groupe UMP, dont le centriste de poids Jean-Louis Borloo ont voté pour. Neuf élus UMP se sont abstenus tandis que 25 autres n'ont pas participé au scrutin, dont le numéro deux de l'UMP Hervé Novelli et trois députés proches du premier ministre François Fillon alors que leur mentor lorgnerait sur la mairie Paris, ville à forte population homosexuelle.

Le mariage gai sera dans «la discussion» de la campagne présidentielle en 2012, a d'ailleurs prévenu la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, favorable au mariage gai.

À la différence de pays voisins comme la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas, la France ne permet pas aux homosexuels de se marier, mais elle a mis en place en 1999 une union civile, le Pacs (Pacte civil de solidarité), ouverte aux personnes du même sexe.

En 2004, le maire de Bègles (sud-ouest), l'écologiste Noël Mamère, avait célébré le mariage d'un couple d'homosexuels, mais cette union avait été annulée par la justice.

Le 28 janvier, le Conseil constitutionnel, saisi à l'initiative d'un couple de femmes, a validé l'interdiction du mariage homosexuel et renvoyé la balle aux politiques pour décider d'un éventuel changement de législation.

Selon un sondage Sofres publié en janvier, 58% des Français sont favorables au mariage gai.

Le mariage entre homosexuels fera partie de la première série de réformes de la gauche si elle gagne la présidentielle du printemps 2012, a promis le porte-parole des députés PS, Bruno Le Roux.

Il s'agit «avant tout de faire tomber une discrimination», a argué le rapporteur socialiste du texte Patrick Bloche, qui avait déjà porté le Pacs.

«Alors que la France était pionnière» en 1999, «depuis 2002, rien ne s'est passé», a-t-il déploré, alors que, dans le même temps le mariage homosexuel est reconnu dans sept pays européens ainsi qu'en Afrique du Sud, au Canada et en Argentine.