Les Italiens ont commencé à voter dimanche par référendum sur l'immunité pénale de Silvio Berlusconi, le retour au nucléaire, et la privatisation de l'eau, un nouveau test pour le chef du gouvernement après sa récente déroute aux élections municipales.

Enjeu essentiel du scrutin, le taux de participation: il doit atteindre 50% plus une voix pour que ces référendums, abrogatifs de lois en vigueur, soient adoptés, un quorum jamais atteint depuis 1995 pour ce type de vote.

Dimanche soir, à la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation s'établissait à 41%, alors que le vote se poursuit lundi.

Silvio Berlusconi a d'ailleurs fait savoir haut et fort qu'il n'irait pas voter ce dimanche à ces référendums lancés par l'opposition.

Son parti, le Peuple de la Liberté (PDL), n'a pas donné de consigne de vote sur l'eau et le nucléaire. Mais il a appelé ses partisans à ne pas retirer les bulletins pour le référendum sur la justice afin d'éviter d'atteindre le quorum.

Car pour M. Berlusconi, 74 ans, actuellement poursuivi dans trois affaires, -pour corruption de témoin, fraude fiscale et faux en bilan, prostitution de mineure et abus de pouvoir (Rubygate)-, le plus à redouter est l'abolition de la loi dite «d'empêchement légitime» qui lui permet d'éviter de se présenter à ses procès en raison de ses obligations de premier ministre.

«Si nous arrivons à obtenir le quorum sur l'empêchement légitime, cela montrera que les gens ne veulent plus du système Berlusconi», a déclaré à l'AFP Margherita Lodoli, 28 ans, travailleuse humanitaire à Rome, après avoir déposé ses bulletins dans l'urne.

«Malheureusement, il s'en sortira, comme toujours, mais ça préparera le terrain pour les prochaines élections», a-t-elle ajouté.

L'opposition soupçonne le chef du gouvernement d'avoir stoppé son programme nucléaire dans l'unique but de vider le référendum de sa substance et dissuader les Italiens de se déplacer pour voter sur l'empêchement légitime.

L'Italie, qui comptait une poignée de centrales, avait abandonné le nucléaire par référendum en 1987, dans la foulée de la catastrophe de Tchernobyl.

Le gouvernement Berlusconi avait ensuite fait du retour à l'atome l'un de ses projets phares. Mais en avril dernier, il avait donné un coup d'arrêt provisoire à ce programme.

S'ils ne bouleverseront donc pas dans l'immédiat la donne sur l'atome civil en Italie, les résultats du référendum seront un bon indicateur de l'opinion publique sur cette énergie après la catastrophe de Fukushima au Japon et l'abandon du nucléaire par l'Allemagne.

Pour l'eurodéputé d'Europe écologie Daniel Cohn Bendit, «un non de l'Italie au nucléaire» pourrait «ouvrir une phase de réflexion dans le reste des États membres».

Le troisième référendum porte sur la libéralisation du secteur de l'eau. Celle-ci reste un bien public, mais les deux questions s'y référant portent sur sa gestion et la tarification.

Environ 47,2 millions d'Italiens dans la péninsule et 3,2 millions résidant à l'étranger sont concernés par ce scrutin qui se déroule jusqu'à 20h GMT (16h, heure de Montréal) dimanche et lundi de 5h GMT 91h, heure de Montréal) à 13h GMT (9h, heure de Montréal).

Une forte participation et un échec du camp Berlusconi viendraient affaiblir un gouvernement déjà fragilisé par le revers subi par la coalition au pouvoir aux municipales partielles, il y a 15 jours quand elle a perdu entre autres son fief de Milan.

Pour Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien de gauche La Repubblica, un tel résultat aurait des «effets imprévisibles».

«J'exclus la démission de Berlusconi mais je n'exclus pas l'implosion du PDL et de la Ligue du Nord», son allié crucial au gouvernement, estime l'éditorialiste.

«YES We Can», proclamait en Une le quotidien de gauche Il Fatto Quotidiano, transposant la célèbre formule du président américain Barack Obama à la victoire des «Oui», nécessaires à l'abolition des lois en question.

De son côté, Il Giornale, journal détenu par la famille Berlusconi, a qualifié ces scrutins d'«embrouille».

Les partisans du référendum ont multiplié concerts, spectacles et manifestations pour inciter les gens à voter. Les initiatives vont de rabais dans des bars, restaurants ou bijoutiers à des massages, cours de yoga. Voire, comme à Naples, de rabais sur les locations de transats à la plage pour ceux qui montreront leur carte électorale timbrée.