L'Allemagne a identifié vendredi des graines germées comme source de l'épidémie de diarrhée qui a fait 31 morts en Europe et levé l'avertissement contre la consommation de salades, concombres et tomates crus, qui a coûté très cher aux agriculteurs européens.

«Ce sont les graines germées» qui sont en cause, a déclaré Reinhard Burger, directeur de l'Institut Robert Koch (RKI), lors d'une conférence de presse à Berlin des trois instituts sanitaires fédéraux impliqués dans le dossier.

Selon les analyses, «les gens qui ont mangé ces graines ont neuf fois plus de chances d'avoir des diarrhées sanglantes et d'autres signes d'infection par la bactérie E.coli entérohémorragique (Eceh) que ceux qui n'en ont pas mangé».

Riches en vitamines et minéraux, les graines germées de lentilles, luzerne, soja, etc. sont devenues populaires en restauration. Elles sont servies notamment dans les salades et les sandwichs. Mais elles sont élevées dans la chaleur et l'humidité et des chercheurs y voient des vecteurs de bactéries pathogènes, comme l'Eceh et la salmonelle.

Les analyses «multiples» autour de la ferme biologique Gärtnerhof à Bienenbüttel (nord), soupçonnée depuis plusieurs jours, n'ont pas prouvé la présence irréfutable de la bactérie, mais «la chaîne d'indices est tellement importante» qu'on peut affirmer l'origine de la contamination, selon les responsables des autorités sanitaires.

En revanche, comme des milliers d'analyses effectuées sur des tomates, des concombres et des salades se sont révélées négatives, l'alerte lancée le 25 mai en Allemagne contre ces aliments a été levée.

«C'est une bonne nouvelle pour les maraîchers allemands et européens», a réagi le président de la Fédération des agriculteurs allemands, Gert Sonnleitner.

Cette alerte décrétée face à l'extension de l'épidémie a durement touché les agriculteurs européens, dont les marchandises ont été boudées.

Les producteurs espagnols, incriminés à tort au début de la crise, disent avoir perdu 225 millions d'euros par semaine. Leurs homologues allemands chiffrent à 60 millions d'euros leur manque-à-gagner depuis le lancement de l'alerte.

L'Union européenne a proposé une aide de 210 millions d'euros aux agriculteurs touchés.

Un nouveau décès a été annoncé vendredi, portant à 31 morts le bilan de l'épidémie. Quelque 3000 malades ont été recensés dans 14 pays en cinq semaines.

La Russie va lever l'embargo qu'elle avait décrété sur les importations de légumes de l'UE, a annoncé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

Selon les autorités sanitaires allemandes, il semble que «la source d'infection n'est plus active» et «les chiffres de nouveaux malades infectés baissent», même si «l'épidémie n'est pas encore finie». Seules des graines germées sont en cause, «il n'y a pas d'autre piste sérieuse», a assuré M. Burger.

Des dizaines d'entre eux avaient apparemment consommé des produits de l'exploitation de Bienenbüttel, selon le ministre de l'Agriculture de Basse-Saxe Gert Lindemann. L'entreprise a été fermée.

Un producteur espagnol a saisi en référé la justice allemande

Un producteur espagnol bio de fruits et légumes, Frunet, a saisi en référé jeudi un tribunal de Hambourg (nord) pour accéder à des documents des autorités allemandes, en vue d'une éventuelle demande de dommages-intérêts.

Frunet «exige l'accès à des documents des autorités de la ville», notamment ceux de l'Institut pour l'hygiène et l'environnement qui avait effectué les analyses incriminant des concombres de sa production, a-t-il expliqué.

Pour l'instant, «il ne s'agit pas d'une plainte pour demandes de dommages et intérêts», a-t-il souligné.

Frunet emploie environ 120 salariés.

Le gouvernement espagnol doit lancer samedi une campagne de promotion des fruits et légumes pour retrouver la confiance des consommateurs. L'Allemagne a promis de s'y associer.