La bactérie E.coli (Eceh) a fait une nouvelle victime en Allemagne, portant à 23 morts le bilan total dont 22 dans ce pays, ont annoncé lundi les autorités sanitaires de Schleswig-Holstein (nord).

Une femme de 90 ans est décédée vendredi alors qu'elle était atteinte d'un syndrome hémolytique et urémique (SHU), troubles rénaux graves provoqués par la bactérie Eceh.

Outre les 22 décès enregistrés en Allemagne, la Suède a également recensé une femme morte après avoir été infectée lors d'un séjour dans ce pays.

L'origine de la contamination, qui a touché 13 pays européens, et peut-être également les États-Unis, où trois cas suspects ont été signalés, reste mystérieuse.

Après avoir un temps soupçonné des concombres espagnols, les autorités sanitaires allemandes pensaient avoir trouvé la source dans une exploitation bio produisant des graines germées dans le nord du pays, mais les premiers résultats d'analyse se sont révélés négatifs.

Une ferme transformée en camp retranché

La ferme bio d'où proviendrait la bactérie s'est transformée lundi en camp retranché dans la campagne du nord de l'Allemagne, où stupeur et incompréhension dominaient.

En milieu d'après-midi, les autorités sanitaires régionales de Basse-Saxe, à Hanovre, ont pourtant annoncé que: «pour le moment, la source (de la contamination) n'a pas pu être déterminée. Sur les 40 échantillons prélevés, 23 analyses ont donné des résultats négatifs».

«C'est une exploitation très propre», assurait à l'AFP Hildegund Greve, qui vit à côté de cette entreprise bio créée il y a 33 ans à Bienenbüttel, un petit village à 80 km au sud de Hambourg.

Le ministre allemand de la Santé, Daniel Bahr, parlait dimanche soir «d'indices clairs» selon lesquels cette entreprise serait la source de l'infection.

«Ils font surtout de la vente en gros pour les marchés et les restaurants. De ce fait, je ne leur ai jamais acheté de graines», explique Mme Greve, panier sous le bras, surprise par l'agitation soudaine dans ce paisible village où s'alignent maisons de briques rouges proprettes et pelouses impeccablement tondues.

Sa voisine confirme: «Nous ne les connaissons pas vraiment, on se dit bonjour, ils font une bonne impression». «Nous n'avons pas eu de mauvaise expérience avec eux jusqu'ici», renchérit Mme Greve. «Ça peut arriver n'importe où et on ne peut pas contrôler tous les aliments avant de les manger», défend la voisine, inquiète des conséquences qu'aura cette épidémie pour la réputation de la ferme.

À la sortie du village de Bienenbüttel, une petite route de campagne sans issue mène devant les grilles verrouillées de l'exploitation «Gärtnerhof GmbH», fermée depuis dimanche par les autorités sanitaires. «Attention au chien! Entrez à vos risques et périls», prévient une pancarte. Un véhicule de police est stationné dans la cour tandis qu'on distingue plus loin des serres écrasées de soleil. L'entrée est gardée par deux policiers maintenant les journalistes à distance.

Tandis que les équipes de télévision multiplient les directs devant la ferme, Heiko Udenring, qui vit lui aussi à quelques encablures, ne cache pas son incompréhension. «C'est une catastrophe que des gens meurent comme ça à cause d'une bactérie», estime ce retraité, grimpé sur son vélo.

«Moi je ne mange pas de graines germées alors je n'ai pas peur», poursuit-il.

La ferme, qui compte une dizaine de salariés, s'est spécialisée dans la production de ces graines riches en vitamines et protéines. Ces pousses de luzerne, de haricots mungo ou de haricots rouges viennent notamment garnir les sandwiches et petits pains consommés dans les établissements de restauration rapide, ou les salades servies comme accompagnement dans les restaurants.

Chaque mercredi et samedi matin, les fruits et légumes de la ferme sont également vendus sur le marché de Lunebourg, une ville de 70 000 habitants située à une quinzaine de kilomètres de là. Tout est estampillé bio et les producteurs assurent qu'aucun fertilisant d'origine animale n'est utilisé.

Depuis dimanche, les responsables de l'exploitation vivent retranchés. Son directeur, Klaus Verbeck, a indiqué au quotidien local qu'il n'avait pas la moindre idée de la provenance de la bactérie.

Sur leur site internet, tous affirment être «abasourdis». «Nous avons immédiatement informé nos clients et retiré les marchandises», expliquent-ils. «Nous produisons des graines germées depuis 25 ans et nous les avons toujours livrées jusqu'ici sans restrictions», se défendent-ils.