Le gouvernement allemand a adopté lundi le projet de loi qui fera de l'Allemagne la première grande puissance économique du monde à tourner le dos au nucléaire, a annoncé le ministre de l'Économie, Philipp Rösler.

Toutes les centrales nucléaires allemandes s'éteindront «d'ici à 2022», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

L'équipe d'Angela Merkel a défini lors d'un conseil des ministres extraordinaire la stratégie qui doit permettre au pays de relever ce défi sans précédent, et dont le principe avait déjà été validé il y a une semaine par les partis composant la coalition au pouvoir.

Tandis que huit des 17 réacteurs du pays sont mis à l'arrêt immédiatement, les neuf autres vont s'éteindre progressivement entre 2015 et 2022, privant l'Allemagne d'une énergie qui pèse 22% de sa production d'électricité brute.

Pour compenser, le gouvernement allemand veut miser en particulier sur la construction d'éoliennes en mer, accélérer les chantiers de centrales au gaz ou au charbon, et promouvoir les économies d'énergie.

Berlin se garde jusqu'ici de chiffrer le coût de cet abandon de l'énergie nucléaire, qui selon les experts pourrait se situer entre 90 et 200 milliards d'euros (129 et 286 milliards de dollars), à répartir entre le contribuable, les consommateurs d'électricité et les producteurs d'énergie.

En abandonnant l'énergie nucléaire, quitte à prendre à court terme des risques pour la compétitivité de ses industriels, l'Allemagne espère faire école et trouver à moyen terme des débouchés pour ses technologies «vertes.»

Mais paradoxalement, cette décision pourrait mettre en danger les objectifs de réduction de gaz à effet de serre du pays en l'obligeant à recourir à des centrales électriques plus polluantes.