La droite portugaise a largement remporté dimanche les élections législatives au Portugal sur fond de grave crise financière, infligeant une sévère défaite au Premier ministre socialiste José Socrates qui laisse la place au libéral centriste Pedro Passos Coelho.

Sur les 230 élus du parlement, seuls restent à attribuer les sièges des quatre députés de l'étranger, qui ne seront connus que le 15 juin.

Sur les 226 sièges pourvus, le Parti social-démocrate (PSD) de M. Passos Coelho en remporte 105 contre 73 pour le Parti socialiste et garantit une large majorité avec les 24 élus du parti de droite CDS-PP.

La gauche antilibérale obtient 24 sièges, dont 16 pour l'alliance communistes-verts et 8 pour le Bloc de Gauche (extrême-gauche), en net recul.

Dans sa première déclaration après la victoire, M. Passos Coelho a tenu à rassurer les créanciers du Portugal, qui vient de négocier un plan d'aide de 78 milliards d'euros avec l'UE et le FMI en échange d'un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans.

Lourdement endetté (160 milliards d'euros fin 2010), le Portugal a fini l'année 2010 en récession avec un déficit public à 9,1% du PIB et un chômage à plus de 11%, et a dû, dans le sillage de la Grèce et l'Irlande l'an dernier, solliciter une aide extérieure pour éviter la banqueroute.

«Je ferai tout pour garantir à tous ceux qui nous regardent de l'extérieur que le Portugal ne sera pas un fardeau à la charge d'autres pays qui nous ont prêté ce dont nous avions besoin pour faire face à nos responsabilités et à nos engagements», a déclaré M. Passos Coelho.

«Nous ferons tout notre possible pour honorer l'accord établi entre l'Etat portugais, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, pour reconquérir la confiance des marchés», a-t-il ajouté.

Contrairement à la Grèce et l'Irlande, au Portugal, tous les partis, à l'exception de la gauche antilibérale, se sont engagés à respecter strictement les conditions du prêt négocié par le gouvernement démissionnaire sur trois ans.

M. Passos Coelho, 46 ans, avait promis pendant la campagne d'aller «bien au delà» des exigences posées par la «troïka» (UE, FMI, BCE), notamment en matière de privatisations mais aussi de réformes du marché du travail, des services publics et des politiques sociales.

Selon l'accord conclu début mai avec l'UE et le FMI, le futur gouvernement, qui pourrait entrer en fonction fin juin ou début juillet, devra réduire le déficit public de 9,1% du PIB l'an dernier à 5,9% cette année, et descendre à 3% d'ici 2013.

«Les années qui nous attendent vont exiger beaucoup de courage de la part du Portugal tout entier», a prévenu M. Passos Coelho qui s'est engagé à une «transparence totale» sur les sacrifices «déjà promis aux Portugais» comme sur «ceux qu'il faudra imposer par la force des circonstances».

«Ca va être difficile mais cela va en valoir la peine», a-t-il assuré, annonçant par ailleurs qu'il formerait «aussi rapidement que possible» un gouvernement comprenant le CDS-PP ainsi que des personnalités indépendantes.

Peu auparavant, José Socrates avait reconnu sa défaite et annoncé qu'il quittait les fonctions de secrétaire général du PS qu'il occupait depuis 2004.

«Cette défaite électorale est la mienne et je veux l'assumer entièrement. J'estime que le moment est arrivé d'ouvrir un nouveau cycle politique à la tête du Parti socialiste», a déclaré M. Socrates, qui dirigeait le gouvernement depuis 2005.

Malgré l'enjeu du scrutin survenant dans un contexte de grave crise économique et sociale, l'abstention a dépassé les 41%, un record absolu pour des législatives depuis l'avènement de la démocratie au Portugal en 1974.