«Pape, on t'aime»: plus de vingt mille jeunes Croates ont réservé un accueil très chaleureux, samedi soir sur la place centrale de Zagreb, au pape Benoît XVI, qui a partagé avec eux une heure et demie de prières et de recueillement, mais aussi de chants et d'échanges.

Bravant une pluie d'orage qui s'était abattue sur la capitale croate, quelque 25.000 jeunes, selon la police, ont attendu plusieurs heures durant l'arrivée du cortège du pape à bord de sa «papamobile».

Le souverain pontife a rejoint une estrade, saluant la foule qui scandait «Pape, on t'aime» et agitait des banderoles jaunes et blanches, aux couleurs du Vatican.

Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles portaient des tee-shirts barrés d'une inscription «Ensemble dans le Christ» sur la poitrine et dans le dos, semblable aux maillots des sportifs, le nom de «Benedikt» (Benoît en allemand, la langue maternelle du pape) et le numéro 16.

Quelques personnes en costume traditionnel avaient pris place à côté du Souverain Pontife sur l'estrade, dont la voûte imitait la forme d'une colombe.

Prenant la parole devant la foule, un jeune homme et une jeune fille ont expliqué leurs parcours spirituels, qui ont conduit l'un du rejet de la religion à la prêtrise, et l'autre, qui voulait entrer dans les ordres, à y renoncer finalement pour fonder une famille.

Le pape a ensuite mené les prières suivies avec ferveur par la foule. Le silence était parfois total.

Plusieurs personnes ont confié l'importance que représentait pour eux cette visite du Souverain Pontife, la Croatie étant un pays à près de 90% catholique et où les églises sont pleines pour les messes.

Le pape «donne de la motivation à ma vie. Il constitue un modèle dans mon existence», explique Ivanko Skejic, 24 ans, à l'AFP.

Ivanko Skejic redoute que la Croatie puisse «se perdre dans l'Union européenne» qu'elle compte rejoindre à la mi-2013, et qu'elle «y perde son identité nationale».

De nombreux catholiques croates, qui perçoivent l'Europe comme un ensemble trop sécularisé, expriment actuellement des craintes similaires alors que la Croatie s'apprête à terminer les négociations d'adhésion à la fin du mois de juin.

Sur l'estrade, des choeurs marquent un temps de pause pour la cérémonie religieuse.

Ivan et Dario, deux étudiants de Mostar, font partie des quelque 6000 Croates de Bosnie qui ont fait le déplacement à Zagreb pour voir le pape.

«J'espère que le pape changera ce pays pour le mieux. Un peu plus de foi est nécessaire», explique Ivan, 20 ans.

Robert Serdar et Marina Blazevic sont arrivés spécialement de Linz, en Autriche, pour voir le souverain pontife.

«Le pape est quelqu'un de formidable. Nous sommes tous arrivés d'Autriche pour le voir», confie Marina.

La cérémonie approche de la fin et la foule agite les banderoles, claque des mains et chante. Le Souverain Pontife paraît sensible à l'atmosphère pleine de spontanéité de l'endroit.

Il quitte bientôt la place, la foule reprenant à nouveau «Pape, on t'aime» et «Alleluia».

Les chants et cantiques ont longtemps retenti dans les rues du centre de Zagreb, la jeunesse se dispersant dans la nuit.