L'audience de comparution initiale de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) aura lieu vendredi à 10h (4h, heure de Montréal) à La Haye, selon une ordonnance publiée mercredi.

«La chambre I décide (...) que l'audience de comparution initiale de l'accusé se tiendra le 3 juin à 10h» (4h, heure de Montréal), a ordonné le juge Alphons Orie dans une ordonnance dont l'AFP a obtenu une copie.

Ratko Mladic, 69 ans, arrêté le 26 mai en Serbie après 16 ans de cavale, a été transféré mardi soir au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye après son arrivée en avion à l'aéroport de Rotterdam.

L'ancien général est accusé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), qui a fait environ 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés, dont le massacre de Srebrenica au cours duquel près de 8000 musulmans avaient été tués.

11 chefs d'accusation

Le procureur du Tribunal pénal international  pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a annoncé mercredi avoir présenté une nouvelle version de l'acte d'accusation, clarifiée, contre l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, désormais visé par 11 chefs d'accusation au lieu de 15.

«Nous avons finalisé et transmis ce matin un acte d'accusation modifié qui prend en considération le développement de la jurisprudence et des nouveaux faits», a déclaré le procureur Serge Brammertz, lors d'une conférence de presse à La Haye, où siège le TPIY.

Ratko Mladic, 69 ans, devra désormais répondre de deux génocides ainsi que de persécutions, extermination, meurtre, déportation, actes inhumains, actes de violence, attaques illégales et prise d'otages, constitutifs de cinq crimes contre l'humanité et de quatre crimes de guerre.

Initialement accusé de génocide et de complicité de génocide, Ratko Mladic est désormais accusé de deux génocides, commis lors du massacre de Srebrenica et dans des municipalités au début de la guerre de Bosnie (1992-1995).

Mladic retrouve d'anciens alliés

À La Haye, Mladic va retrouver une trentaine d'anciens acteurs de la guerre de Bosnie, dont son ancien chef politique Radovan Karadzic.

«Je suis sûr qu'ils vont se rencontrer dans les prochains jours», a déclaré à l'AFP le conseiller juridique de Radovan Karadzic, écroué à La Haye depuis juillet 2008, et dont le procès est en cours depuis octobre 2009.

Les relations entre les deux hommes, tous deux accusés de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis durant la guerre de Bosnie (1992-1995) qui avait fait 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés, s'étaient dégradées à la fin du conflit.

Une fois qu'il aura quitté la cellule d'isolement qu'il doit occuper durant quelques jours, conformément au règlement de la prison, Ratko Mladic pourra côtoyer par exemple l'ancien lieutenant-colonel des Serbes de Bosnie Vujadin Popovic, qui attend l'ouverture de son procès en appel.

Il avait été condamné le 10 juin 2010 à la réclusion à perpétuité pour le massacre de Srebrenica au cours duquel près de 8000 musulmans avaient été exécutés en 1995 et dont doivent également répondre MM. Mladic et Karadzic.

Au quartier pénitentiaire du TPIY, installé dans l'enceinte d'une prison néerlandaise, les accusés occupent des cellules individuelles d'une quinzaine de mètres carrés et Ratko Mladic pourra circuler librement durant la journée à l'étage où il sera affecté.

Il aura droit à une heure quotidienne de promenade au cours de laquelle il pourra rencontrer ses co-détenus et ses anciens ennemis lorsqu'ils n'assistent pas à une audience ou ne sont pas occupés à la préparation de leur procès.

Parmi ses anciens adversaires figure ainsi l'ancien général croate Ante Gotovina, condamné le 15 avril à 24 ans pour son rôle pendant la guerre de 1991-95.

À l'intérieur du quartier pénitentiaire du TPIY, situé dans le quartier balnéaire de Scheveningen, à quelques centaines de mètres de la mer du Nord, les accusés ne sont pas regroupés selon des critères ethniques, religieux ou de nationalité.

Ils sont autorisés à recevoir des visites, de leur avocat, de leur famille et de leurs amis. Des douches, une buanderie et une salle de repassage sont installées à chaque étage.

Les accusés peuvent aussi suivre des cours d'informatique, d'anglais et de dessin. Ils ont accès à une salle de musculation et à un gymnase.

Chaque cellule est équipée d'un lit, d'un lavabo, d'un évier, d'étagères et de toilettes notamment. Les détenus y sont enfermés la nuit et à l'heure du déjeuner pendant la relève des gardiens.

«Le bien-être physique et moral des détenus en attente de procès ou de jugement est d'une importance cruciale», affirme le TPIY sur son site internet, selon lequel «tous les détenus mènent une vie normale dans un cadre sécurisé».

Selon le TPIY, la moyenne d'âge des détenus est de 57 ans.