La droite italienne de Silvio Berlusconi a perdu lundi son fief de Milan et échoué dans sa tentative de ravir Naples à la gauche, qui voit dans cette cuisante défaite aux municipales un signe précurseur de la fin politique du Cavaliere, même si ce dernier se veut combatif.

«Nous avons libéré Milan, nous devons maintenant la reconstruire ensemble», a lancé le candidat de la gauche Giuliano Pisapia qui l'a emporté avec 55,10% des voix contre 44,89% à la maire sortante Letizia Moratti, candidate du Peuple de la liberté (PDL), le parti du chef du gouvernement.

«Je serai le maire de tous les Milanais», a promis l'avocat, acclamé par des dizaines de milliers de supporters venus célébrer sa victoire en chantant, trinquant et dansant sur la grande place de la cathédrale.

«C'est une avalanche qui arrivera jusqu'à Rome et fera tomber le gouvernement», espérait l'une d'entre eux, Giovanna Cardarelli.

Capitale économique du pays, Milan est la ville natale de M. Berlusconi, le siège de son empire médiatique Fininvest et le fief électoral de la droite depuis 18 ans. Ces quinze dernières années, la gauche n'était jamais parvenue jusqu'au ballottage, perdant systématiquement au premier tour.

«Nous avons perdu, c'est évident, mais maintenant il faut garder son calme et aller de l'avant, la majorité est déterminée et unie. Chaque fois que je subis une défaite, je triple mes forces», a réagi Silvio Berlusconi, de Bucarest où il se trouve en visite officielle. Son ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a carrément parlé de «baffe».

A Naples, l'entrepreneur de droite Gianni Lettieri, pourtant arrivé en ballottage favorable à l'issue du premier tour, a reconnu sa défaite face à l'ex-magistrat Luigi de Magistris qui a remporté 65,37% des voix contre 34,62% à son rival.

Les candidats du centre-droit ont également été battus à Cagliari, Trieste, Novare, fief de la Ligue du Nord, allié crucial de M. Berlusconi.

La droite a même perdu la municipalité d'Arcore, dans les environs de Milan, où se trouve la résidence privée du chef du gouvernement, théâtre, selon les médias, de nombreuses fêtes osées en compagnie de belles jeunes filles. M. Berlusconi doit d'ailleurs comparaître mardi dans le cadre du Rubygate pour prostitution de mineure et abus de pouvoir.

«Nous allons vers une phase de grande incertitude politique (...) car la majorité sortie des législatives (il y a trois ans, ndlr) et siégeant au Parlement est différente de la majorité qui ressort dans le pays après les municipales», a réagi Beppe Pisanu, ex-ministre de droite de l'Intérieur et président de la Commission antimafia.

Le vote à Milan était considéré comme un test national pour Silvio Berlusconi.

Face à ce «tsunami qui met un terme au cycle berlusconien», selon l'expression du nouveau maire de Turin Piero Fassino (gauche), l'opposition dans son ensemble, des démocrates-chrétiens de l'UDC à la gauche de l'IDV et du PD, a multiplié les appels à la démission de Silvio Berlusconi.

«C'est une victoire importante, irrésistible, un avis d'expulsion pour l'occupant du Palais Chigi», siège du gouvernement, a commenté Nichi Vendola, étoile montante de la gauche italienne, chef de «Gauche, écologie et liberté», formation à laquelle appartient M. Pisapia.

Depuis plusieurs jours, M. Berlusconi, qui avait mis tout son poids dans la balance au premier tour, cherchait à relativiser la portée d'un double revers à Milan et à Naples. «Le résultat n'aura pas d'effet sur le gouvernement», a-t-il assuré à des proches, en se disant certain du soutien de la Ligue.

M. Berlusconi espère faire oublier rapidement ce revers et, selon les analystes, même s'il devait y avoir des élections anticipées, il ne les envisage pas avant le printemps 2012, un an avant l'échéance normale de 2013.