Les réactions d'enthousiasme se multiplient en Europe et dans le monde à la suite de l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, activement recherché pour crimes contre l'humanité.

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) Serge Brammertz a déclaré que la Serbie, en arrêtant l'ancien militaire, avait «rempli une de ses obligations internationales».

«La Serbie, en arrêtant Mladic, a rempli une de ses obligations internationales qui était l'arrestation des fugitifs», a déclaré M. Brammertz, joint par téléphone en Croatie.

Bruxelles fait de la coopération de Belgrade avec le TPIY l'une des principales conditions à la poursuite du rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne (UE).

«C'est très important pour les victimes», a souligné M. Brammertz: «quand j'ai appris la nouvelle, j'ai pensé tout de suite aux victimes et à la nécessité d'avoir ces responsables devant la justice pour la réconciliation».

«Il faudra voir quand il sera transféré à La Haye, on ne sait pas encore», a indiqué le procureur, selon lequel Ratko Mladic «doit passer devant le juge cet après-midi». «Il a la possibilité de faire appel», a souligné le procureur, ajoutant «c'est entre les mains des Serbes».

Union européenne et OTAN

L'Union européenne a qualifié cette arrestation de pas «historique» et demandé qu'il soit «transféré sans délai» devant la justice internationale, l'OTAN estimant pour sa part que justice va pouvoir être rendue dans la région.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton «attend que Ratko Mladic soit transféré sans délai devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie», a déclaré son porte-parole, Michael Mann, sur son compte twitter.

L'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie constitue «un pas important en avant pour la Serbie et la justice internationale», a-t-elle estimé en félicitant le gouvernement serbe «pour cette action courageuse».

Le commissaire européen chargé de l'Elargissement de l'Union européenne, Stefan Füle, a salué de son côté «un geste historique de la part de la Serbie, qui démontre que la Serbie a compris l'importance cruciale de la réconciliation régionale».

Cette réconciliation régionale «fait partie des critères politiques pour le processus d'adhésion à l'UE», a précisé Stefan Füle cité par sa porte-parole Natasha Butler.

Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a estimé lui que cette annonce donnait une «nouvelle impulsion» à la candidature serbe à l'Union européenne, tout en appelant Belgrade à poursuivre ses efforts.

En effet, un autre fugitif, Goran Hadzic, un ancien dirigeant des Serbes de Croatie, «est toujours en cavale et tous les efforts devraient être déployés pour l'arrêter et le traduire en justice», a remarqué M. Buzek.

L'UE insiste régulièrement auprès de Belgrade pour une «coopération pleine et entière» avec le TPIY en la matière.

La Commission européenne, chargée d'évaluer la candidature serbe, doit émettre en octobre une recommandation de lui octroyer ou non le statut de pays candidat à l'Union européenne. Belgrade a déposé sa candidature à l'UE fin 2009.

L'OTAN a également salué jeudi l'arrestation de Ratko Mladic, estimant que celle-ci offrait une possibilité «à la justice d'être rendue», près de 16 ans après son inculpation pour génocide et crimes de guerre.

«Je salue vivement la nouvelle de l'arrestation de Ratko Mladic et le fait que son extradition vers (le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, TPIY) à La Haye est en cours», a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen.

«Près de 16 ans après son inculpation pour génocide et d'autres crimes de guerre, son arrestation offre finalement une possibilité à la justice d'être rendue», a-t-il ajouté.

«Ratko Mladic a joué un rôle central dans certains des épisodes les plus sombres de l'histoire des Balkans et de l'Europe, y compris dans le siège de Sarajevo et le massacre de milliers d'hommes et de garçons bosniaques à Srebrenica en 1995», a souligné le secrétaire général de l'alliance.

La Croix-Rouge satisfaite que justice puisse être faite

Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, s'est dit «satisfait» que justice puisse être faite.

«J'ai un profond sentiment de satisfaction quand je vois que ... la justice pourra être faite», a déclaré M. Kellenberger, interrogé sur l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie.

«J'ai un profond sentiment de satisfaction quand je vois que, dans toutes les régions du monde, la lutte contre l'impunité est vraiment prise au sérieux», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse.

Bildt dit n'avoir «jamais douté» du président serbe

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, artisan des accords de paix de Dayton pour la Bosnie, a dit n'avoir «jamais douté de la détermination» du président serbe Boris Tadic.

«J'ai très chaleureusement félicité le président Tadic pour l'arrestation de (Ratko) Mladic. Je n'ai jamais douté de sa détermination et je sais à quel point il a travaillé dur pour cela», a déclaré M. Bildt sur son compte Twitter.

Ancien premier ministre suédois, Carl Bildt a été l'un des principaux médiateurs occidentaux lors de la guerre en ex-Yougoslavie.

Il a notamment été coprésident de la conférence de paix de Dayton, Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine de 1995 à 1997 et envoyé spécial des Nations Unies dans les Balkans entre 1999 et 2001.

Jour historique selon l'ONU

L'arrestation de Ratko Mladic constitue «un jour historique pour la justice internationale», a estimé à Paris le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

«C'est un jour historique pour la justice internationale, qui marque un progrès dans notre volonté de mettre fin à l'impunité», a déclaré Ban Ki-moon, en marge d'une rencontre au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).

Le secrétaire général des Nations unies a tenu à remercier «pour leurs efforts» le gouvernement et le président serbes Boris Tadic.

Un «chapitre malheureux» de la Serbie, selon Londres

L'arrestation clôt un «chapitre très malheureux dans l'histoire» de la Serbie, a estimé jeudi le ministre britannique de la Défense, Liam Fox.

«Cela donne à la population serbe une chance de clore, ou au moins de commencer à clore un chapitre très malheureux de leur histoire», a indiqué M. Fox à la télévision Sky News. «Et cela va rappeler à tous ceux qui fuient la justice internationale que, tôt ou tard, ils devront répondre de leurs crimes», a-t-il ajouté.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a de son côté salué un «moment historique pour une région déchirée par l'horrible guerre des années 90».

«Félicitant» les autorités serbes, M. Hague a dit dorénavant souhaiter «le transfèrement rapide de Rakto Mladic à La Haye», où siège le TPIY, qui a inculpé Ratko Mladic de génocide pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995).

- D'après AFP et AP