Le gouvernement de Silvio Berlusconi pourrait tomber après les résultats désastreux des élections administratives de la mi-mai. Sa candidate pour la mairie de Milan, ville où a commencé sa carrière politique, est arrivée deuxième derrière le candidat de centre gauche, forçant la tenue d'un second tour pour la première fois depuis 1997.

«Si Berlusconi perd Milan, le gouvernement tombera», prédit Franco Pavoncello, politologue à l'Université Jean Cabot de Rome. «C'est la ville où il a fait carrière et fortune, la ville où est née la Ligue du Nord. Ce sont les premières élections après la nouvelle vague de scandales et la sortie de l'Alliance nationale du gouvernement. Avec une défaite à Milan, la Ligue du Nord aura peur de s'effondrer avec Berlusconi lors des nationales de 2013. Bossi a dit qu'il ne coulerait pas avec lui.»

La Ligue du Nord, qui prône la séparation du riche nord de l'Italie ou à tout le moins une décentralisation fédéraliste, est dirigée par Umberto Bossi et a gagné la mairie de Milan en 1993, avant de céder sa place aux différents partis de Silvio Berlusconi. Sa dernière demande est le déménagement de deux ministères importants à Milan. L'Alliance nationale, héritière repentie du fascisme de Mussolini, est alliée à Berlusconi depuis 2001.

Le premier ministre italien a réagi à ces mauvaises nouvelles en affirmant que les élections de Milan sont un référendum sur son gouvernement et que si le centre gauche passe à Milan, la ville sera envahie par les musulmans, les romanichels et les homosexuels, une tirade comparée aux 12 plaies d'Égypte par un chroniqueur romain. Il a aussi déclaré que les Milanais ne voteraient à gauche que «s'ils laissent leur cerveau à la maison». Le second tour a lieu la fin de semaine prochaine. La candidate de centre droit, Letizia Moratti, est un poids lourd, ayant eu plusieurs postes importants pour les gouvernements Berlusconi avant d'hériter de la mairie de Milan en 2006.

«Il y a des tensions au gouvernement, dit M. Pavoncello. Moratti a été désavouée puis appuyée dans la même journée. Berlusconi est fatigué. Bossi et lui s'étranglent mutuellement en étant obligés de s'appuyer l'un et l'autre sur leurs points faibles, les parties de débauche de Berlusconi et la décentralisation voulue par Bossi. Les Milanais sont sophistiqués et se sentent humiliés par les déclarations simplistes de Berlusconi.»

La télévision sous contrôle

Les stations de télévision italiennes - tant celles appartenant à Berlusconi que les chaînes publiques qu'il contrôle politiquement - viennent de recevoir une amende de 900 000 euros parce qu'elles ont favorisé le premier ministre lors de la campagne électorale de ce printemps. Le premier ministre a répliqué que le comité ayant imposé l'amende est contrôlé par la gauche, tout comme la magistrature, et qu'il fait face à une «coalition médiatique terrifiante», en référence aux quotidiens, qui sont souvent critiques et qu'il ne contrôle pas.

«Les Italiens voient bien que l'Italie stagne économiquement, dit M. Pavoncello. Depuis 16 ans, la vie politique se résume aux attaques sournoises de la magistrature contre Berlusconi et à ses tentatives à la limite de l'éthique pour s'y soustraire. Mais en même temps, il est le seul à pouvoir unifier la droite et à donner du pouvoir au Nord à travers la Ligue du Nord. Il pourrait fort bien demeurer incontournable si la gauche n'arrive pas à s'unir.»