L'inculpation à New York du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, accusé d'agression sexuelle, bouscule la donne en France à un an de la présidentielle, portant un coup potentiellement fatal aux ambitions de ce socialiste favori des sondages face à Nicolas Sarkozy.

«Choc» pour toute la gauche, «discrédit» pour certains à droite: l'arrestation puis l'inculpation dimanche du directeur général du Fonds monétaire international pour «agression sexuelle, séquestration de personne et tentative de viol» sur une femme de chambre dans un hôtel a provoqué un séisme politique.

À 62 ans, cet ancien avocat d'affaires, économiste reconnu et réputé séducteur, représentait le plus grand danger pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle du printemps 2012 même si les deux hommes n'ont pas officiellement annoncé leur candidature.

Dominique Strauss-Kahn a nié les faits qui lui sont reprochés et va plaider non coupable. Il a reçu le soutien de son épouse Anne Sinclair, qui a dit ne pas croire «une seule seconde aux accusations» portées contre mon mari et ne pas douter «que son innocence soit établie».

Le gouvernement a appelé à respecter la «présomption d'innocence». Et certains ont évoqué une possible machination: «Le piège, on ne peut pas ne pas y penser», a déclaré le ministre de la Coopération Henri de Raincourt.

Mais quelle que soit son issue, l'avenir politique de cet ancien ministre semblait compromis.

La gauche sonnée

La gauche se disait sonnée même si elle a appelé à la «retenue» et a insisté sur la nécessité de «tout vérifier».

C'est un «coup de tonnerre», a déclaré la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry en demandant «aux socialistes de rester unis et responsables». Une «terrible nouvelle», a réagi son prédécesseur François Hollande.

Dans son camp, Dominique Strauss-Kahn était donné d'avance vainqueur de la primaire prévue en octobre pour désigner le candidat du PS à la présidentielle.

Sa probable non-candidature change le jeu au sein du parti, laissant la place belle à ses deux principaux rivaux: François Hollande, valeur montante du PS déjà en lice, et Martine Aubry, qui se prépare à être candidate.

«Je ne pense pas, sauf si on découvrait quelque manipulation dans cette affaire, qu'il soit candidat aux élections présidentielles. Donc les choses vont changer, on va avoir une candidature de Martine Aubry contre François Hollande», a estimé sur Europe 1 Jacques Attali ancien conseiller influent de François Mitterrand.

L'affaiblissement de DSK profite au camp du pouvoir et remet à plat la donne présidentielle alors que toutes les récentes enquêtes d'opinion le donnaient gagnant face à Nicolas Sarkozy, qui devrait se représenter en dépit d'une cote de popularité au plus bas.

Certains à droite, au centre et à l'extrême droite, déclaraient Dominique Strauss-Kahn hors jeu pour 2012.

C'est un «homme peu recommandable», «totalement déconsidéré», cette affaire est «très humiliante pour notre pays», a réagi le député du parti au pouvoir UMP (droite) Bernard Debré.

Il est «définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l'État», a estimé sur RTL la présidente du Front National (extrême droite) Marine Le Pen.

«Tout cela est confondant, navrant et infiniment troublant», a commenté le centriste François Bayrou, vraisemblable candidat à la présidentielle, évoquant les conséquences pour l'homme, son parti et «l'image de la France dans le monde».

Depuis 2008 et une liaison extra-conjugale de Dominique Strauss-Kahn avec une ex-responsable du département Afrique du FMI, Piroska Nagy, la droite laisse entendre que le côté séducteur du patron du Fonds est son talon d'Achille.

L'institution financière avait alors commandé une enquête notamment pour abus de pouvoir sur DSK avant de le blanchir, mais elle lui avait reproché une «grave erreur de jugement».

Ces dernières semaines, Dominique Strauss-Kahn était déjà la cible de vives critiques d'une partie des médias qui ont épinglé son train de vie dans une France en crise.