Le président russe, Dmitri Medvedev, a mis en garde vendredi contre une monopolisation du pouvoir par un seul homme, une allusion à son puissant Premier ministre, Vladimir Poutine, à moins d'un an d'une présidentielle que les deux hommes n'ont pas exclu de disputer.

«Les tentatives de (concentrer le pouvoir) autour d'une personne spécifique sont dangereuses», a déclaré le président russe au cours d'une rencontre avec de jeunes parlementaires à Kostroma (370 km au nord-est de Moscou) retransmise en direct à la télévision.

Ces déclarations interviennent alors que M. Poutine est en train de mettre sur pied le Front populaire, une large coalition électorale composée de son parti Russie unie, ultra-majoritaire au Parlement, et de plusieurs ONG.

Après avoir prôné la veille l'émergence en Russie de forces concurrentes à la coalition de Vladimir Poutine, le chef de l'État a brandi vendredi la menace d'une «guerre civile» rappelant que le pays en avait déjà connues à cause de régimes qui ont monopolisé le pouvoir.

«Si cela ne pose pas de problèmes dans la vie courante, n'ayez pas de doutes: dans un avenir proche, cela posera des problèmes énormes pour le pays et pour la personne en question», a-t-il poursuivi.

«Une superconcentration du pouvoir est une chose dangereuse, surtout dans notre pays qui a déjà connu cela à maintes reprises et où cela a mené soit à la stagnation soit à la guerre civile», a-t-il poursuivi.

«Il ne faut pas oublier les leçons historiques», a-t-il ajouté.

Les deux dirigeants russes ont à maintes reprises laissé entendre qu'ils pourraient se présenter à l'élection de 2012, mais aucune décision n'a pour l'instant été annoncée.

M. Poutine, toujours considéré par nombre d'observateurs comme le véritable homme fort du pays, a récemment déclaré que les deux dirigeants prendraient la décision ensemble en fonction de la situation.

Les spéculations vont bon train depuis quelques semaines sur une éventuelle rivalité entre MM. Poutine et Medvedev, alors que d'autres analystes y voient un jeu politique savamment orchestré par le pouvoir.

M. Medvedev a été propulsé en 2008 au poste de président par son prédécesseur (2000-2008), Vladimir Poutine, auquel il devait toute sa carrière politique, et auquel la Constitution russe ne permettait pas d'effectuer plus de deux mandats consécutifs.

La création du Front populaire qui réunira, outre Russie unie, d'autres partis politiques, des organisations syndicales, de femmes, de vétérans a été largement interprétée comme la déclaration d'intention de Vladimir Poutine pour la présidentielle de 2012.

L'un des responsables de Russie unie a déclaré jeudi que le Front populaire pourrait proposer son candidat à la présidentielle de 2012.

Pour l'analyste politique indépendant Dmitri Orechkine, «Poutine a lancé un défi insolent au président et violé les principes de la hiérarchie en proposant à la société de se consolider autour de lui».

«Il a mis Medvedev devant un choix: soit il adhère au Front, soit il est de l'autre côté. Le président doit maintenant répondre fermement. La question est de savoir qui est numéro un dans le pays», a-t-il souligné.

M. Medvedev, dont la cote de popularité n'a jamais dépassé celle du Premier ministre et qui n'a pas de force politique associée à lui, a par ailleurs estimé vendredi que le président devrait à terme être membre d'un parti.

«Jusqu'à un certain point, un président qui n'est pas membre d'un parti est une bonne chose. Mais je ne suis pas sûr que cela soit ainsi à l'avenir, je pense plutôt le contraire. Tôt ou tard, le président devra être membre d'un parti», a-t-il souligné.