«L'affaire des quotas» qui secoue le monde du soccer français depuis près de deux semaines cause de sérieux maux de tête au sélectionneur de l'équipe nationale, Laurent Blanc.

L'ancien joueur de l'équipe championne du monde de 1998 - dont la composition multiethnique a longtemps été célébrée - doit se défendre d'allégations de racisme qu'il juge sans fondement.

Après avoir passé une semaine en Italie, loin du brouhaha médiatique, l'entraîneur français est rentré en France au cours de la fin de semaine. Il a rencontré hier à Paris les enquêteurs de la Fédération française de football (FFF) et ceux du ministère de la Jeunesse et des Sports pour s'expliquer avant de retourner dans le sud-ouest du pays.

Tant la Fédération que le Ministère avaient démenti samedi un article du quotidien Ouest France affirmant que Laurent Blanc avait présenté sa démission. Le porte-parole de l'équipe, Philippe Tournon, a assuré qu'il n'en avait été question «à aucun moment».

Zidane à la rescousse

Le meneur de jeu de l'équipe de 1998, Zinédine Zidane, s'est porté à la rescousse de son ancien coéquipier dimanche, affirmant qu'il était victime d'un «mauvais procès».

«Concernant Laurent, on va faire simple et clair: je le connais bien, il n'est bien sûr pas raciste (...). Je vais même plus loin: il ne raisonne jamais comme ça car ce n'est pas un sujet pour lui», a déclaré la vedette en faisant valoir au passage que la femme de Laurent Blanc est d'origine algérienne.

«Moins de Noirs et d'Arabes»

L'affaire a éclaté fin avril lorsque Mediapart a diffusé un article accusant les dirigeants du soccer français de vouloir «moins de Noirs et d'Arabes» dans les centres de formation. Le site évoque une réunion de la Direction technique nationale (DTN) du 8 novembre dans laquelle des responsables discutent de la possibilité d'imposer un «quota» pour limiter le nombre de joueurs disposant d'une double nationalité, le but ultime étant d'éviter leur défection éventuelle vers l'équipe nationale d'un autre pays après des années de formation en France.

Le directeur technique national, François Blaquart, qui parle explicitement de «quota» dans le verbatim de la rencontre, est suspendu en attendant le dénouement des enquêtes décidées dans la foulée par les autorités.

Laurent Blanc échappe à la suspension temporaire mais non aux critiques. Notamment parce qu'il déclare dans la rencontre qu'il trouve très dérangeant de voir des joueurs choisis en sélection nationale qui préfèrent aller jouer «dans des équipes nord-africaines ou africaines». Aussi parce qu'il relève que les centres de formation ont tendance à faire une grande place aux joueurs «grands, costauds, puissants», soit «les blacks».

Lilian Thuram, autre ancien joueur de l'équipe gagnante de 1998, monte au front pour dénoncer les dirigeants du football français.

«Quand est-ce qu'on va sortir de ces préjugés sur les couleurs de peau, comprendre que ce n'est pas parce que vous êtes noir que vous courez plus vite ou que vous êtes moins intelligent?», déclare-t-il.

Excuses

L'entraîneur de l'équipe nationale s'excuse dans les jours suivant l'éclatement de l'affaire d'avoir utilisé des termes pouvant «prêter à équivoque, sortis de leur contexte». Il assure cependant qu'il «n'a jamais été question de limiter le nombre de Noirs et d'Arabes».

Laurent Blanc ne s'est pas adressé aux médias à l'issue de sa rencontre avec les enquêteurs, arguant qu'il attendrait la présentation de leurs rapports avant de le faire. La ministre de la Jeunesse et des Sports, Chantal Jouanno, doit faire connaître les conclusions de l'enquête ministérielle ce matin, quelques heures avant que la FFF n'en fasse autant de son côté.