Le pape Benoît XVI a rendu samedi un vibrant hommage à Venise, ville «merveilleuse» capable de jeter des «ponts entre les peuples», lors d'un bain de foule de milliers de fidèles et de curieux sur la place Saint-Marc.

Pour ce 22ème voyage en Italie, le pape a été accueilli à l'entrée de la célèbre place de Venise par des gondoles pavoisées de fanions jaunes et blancs aux couleurs du Vatican, des jets d'eau croisés sur l'entrée du grand canal, les cris de «Benedetto», les cornes des bateaux et les cloches de la basilique sonnant à toutes volées.

Le pape allemand, venu à Venise 26 ans après Jean Paul II et grand avocat du «dialogue de la raison et de la foi», a exprimé son admiration pour le rayonnement intellectuel de la cité des Doges: «Une ouverture singulière a toujours caractérisé Venise, carrefour de communautés de toutes provenances, cultures, langues et religions».

Benoît XVI, qui venait d'Aquilée, près de la frontière slovène, où il s'était prononcé pour un «dialogue franc» entre croyants et non croyants, a exprimé sa «grande joie» d'être à Venise. «Pour sa beauté, son histoire, ses traditions civiles, elle a répondu au cours des siècles à sa vocation spéciale d'être un pont entre Orient et Occident».

«La splendeur des monuments et la réputation de ses institutions séculaires manifestent l'histoire glorieuse et le caractère des Vénitiens, honnêtes et travailleurs, dotés d'une grande sensibilité», a ajouté Benoît XVI.

«Encore à notre époque, avec ses perspectives nouvelles et ses défis complexes, Venise est appelée à assumer des responsabilités importantes pour la promotion d'une culture d'accueil et de partage, capable de jeter des ponts de dialogue entre les peuples», a-t-il plaidé.

Son patrimoine «a trouvé un développement fécond grâce à l'accueil de la foi chrétienne», a-t-il tenu à rappeler.

Le maire de gauche Giorgio Orsoni a souligné que Venise a toujours cherché à «conjuguer les vertus civiles et religieuses».

Elle avait été entourée de mesures de sécurité strictes, les forces de l'ordre ayant fermé plusieurs heures durant la place et les rues adjacentes pour les contrôles, gênant la circulation de la foule des touristes.

Des publicités géantes avaient été couvertes de draps, pour conférer à la place une atmosphère moins profane. Au dessus du dais tendu de tissu rouge où parlait le pape, un panneau géant pour le café LavAzza, montrant une homme et une femme en tenue de soirée échangeant tendrement autour d'un espresso, avait été recouvert.

Sarath et Cibisonnia, un couple d'Indiens du Tamil Nadu, sont hindous; ils «se sentent honorés de voir le pape, respecté en Inde». «Nous voulions aller au Vatican, et maintenant on le voit là!», s'exclame Sarath.

Minori, Japonaise, non chrétienne, ne peut retenir ses larmes: «je le respecte, il a dit une messe pour le Japon après le séisme», dit-elle.

Teresa, baptiste américaine venue de Caroline du Nord, est «enthousiaste» de voir ce pape, même si c'est par hasard. «Je respecte ses positions. Ma fille de trois ans l'appelle le pasteur de l'Italie!»

Justin et Marie-Christine, de Montréjeau, dans le sud-ouest de la France, acquiescent et se réjouissent: «c'est un +plus+ inattendu pour notre voyage à Venise».

Le pape doit célébrer dimanche une grande messe de l'autre côté de la lagune, à Mestre.

Photo Reuters

Venise oblige, Benoît XVI a fait son entrée en bateau!