Des centaines de milliers de pèlerins enthousiastes ont afflué samedi à Rome, pavoisée à l'effigie de Jean Paul II, à la veille de la béatification du pape le plus charismatique de l'histoire de l'Eglise catholique.

Des centaines de milliers de pèlerins enthousiastes ont afflué samedi à Rome, pavoisée à l'effigie de Jean Paul II, à la veille de la béatification du pape le plus charismatique de l'histoire de l'Eglise catholique.

«Je ne pouvais pas rater ça, je devais participer à ce moment historique. Nous venons d'arriver, mais l'atmosphère est déjà formidable», confie Patricia Wocial, 48 ans, arrivée tout droit de Grande-Bretagne avec ses deux filles.

«C'est leur premier pèlerinage et ça sera sûrement une expérience qui restera dans leur mémoire», ajoute-t-elle, alors qu'elles sont toutes les trois au milieu de la foule qui contemple un grand poster de Jean Paul II accroché à la colonnade du Bernin encerclant la place Saint-Pierre.

Six ans plus tôt, lors des obsèques du pape polonais, c'est de cette même place qu'était monté le cri «santo subito» («saint tout de suite») pour honorer un pape qui, tout au long de son règne (1978-2005) ponctué de 104 voyages, a modernisé l'image de l'Eglise.

Cette ferveur avait convaincu son successeur Benoît XVI d'ouvrir dès juin 2005 la procédure de béatification, qui s'est achevée en janvier 2011, un délai record.

Pour permettre la béatification, un miracle a été reconnu: celui d'une religieuse française, Marie Simon-Pierre, guérie de la maladie de Parkinson.

Celle-ci livrera son témoignage samedi soir lors d'une veillée au Cirque Maxime, grand espace vert en plein centre de Rome où se déroulaient les courses de chars à l'époque romaine. Plus de 100 000 personnes y sont attendues, alors que tombe sur la ville une pluie fine et intermittente.

En attendant, les pèlerins se ruent sur les stands de souvenirs croulant sous des articles kitsch, de la montre à l'effigie du futur bienheureux jusqu'aux casquettes et T-shirt proclamant «I love JPII».

Des vendeurs ambulants proposent aussi des fanions aux couleurs du Vatican ornés de sa photo, pour la plus grande joie des groupes de scouts en uniforme qui sillonnent les alentours du Vatican.

Les églises de Rome, toutes ouvertes pour l'occasion, accueillent des milliers de visiteurs, notamment des Français, des Espagnols et des Polonais.

Pour la messe prévue dimanche place Saint-Pierre, de 300 000 à 500 000 pèlerins sont attendus.

Certains d'entre eux sont prêts à tout pour décrocher une place aux premières loges: «Nous allons rester à la veillée jusqu'à minuit, ensuite aller d'église en église pour prier, puis nous diriger vers le Vatican vers 04H00 du matin pour obtenir les meilleures places possibles», confie Patricia Wocial.

En vue de la cérémonie, le cercueil de Jean Paul II a été sorti vendredi de son tombeau dans les Grottes vaticanes et doit être porté dimanche matin devant l'autel central de la basilique.

Au cours de la messe présidée par Benoît XVI, une tapisserie à l'effigie de Karol Wojtyla sera déroulée sur la façade de la basilique Saint-Pierre et un reliquaire contenant une ampoule de son sang sera présenté aux fidèles.

Après la cérémonie, les fidèles pourront défiler devant le cercueil fermé, non sans avoir laissé la préséance aux seize chefs d'Etat présents, dont le controversé président zimbabwéen Robert Mugabe, arrivé avec son épouse samedi matin, ainsi qu'aux cinq délégations de familles royales.

De son côté, la France sera représentée par le Premier ministre François Fillon. Le président Nicolas Sarkozy a adressé samedi une lettre à Benoît XVI pour lui exprimer «l'attachement» de la France à cette «personnalité hors du commun» qui «a contribué à renverser le monde né de la Guerre froide et à façonner le siècle qui est le nôtre».

À l'entrée de la place Saint-Pierre, une grande estrade a été installée pour permettre aux caméras des télévision du monde entier de suivre cet événement historique.