Plusieurs centaines de milliers de fidèles catholiques s'apprêtent à envahir Rome, pour assister dimanche 1er mai à la béatification triomphale de leur pontife préféré Jean Paul II, premier « pape global » de l'histoire, six ans seulement après sa mort.

À mesure qu'approche le jour J, Rome, les autobus, les rues, les façades, y compris celles de bâtiments officiels, se sont ornés de portraits du photogénique Karol Wojtyla, qui a gouverné l'Église plus d'un quart de siècle et lui a donné une visibilité qu'elle n'avait jamais eue.

Six ans plus tôt, de la foule massée place Saint-Pierre pour les obsèques du pape polonais, était monté le cri « santo subito » (« saint tout de suite »). Il s'agissait d'honorer un pape qui, au long de ses 104 voyages à l'étranger, avait donné à l'Église une visibilité qu'elle n'avait jamais eue et avait modernisé son image.

Cette ferveur et des demandes du monde entier avaient convaincu son successeur Benoît XVI d'ouvrir la procédure de béatification dès juin 2005. Elle a été close en janvier 2011, un délai record.

Les critiques sur la rigidité doctrinale du pape et son peu d'attention pour les maux internes de l'Église, corruption et pédophilie en premier lieu, n'ont pas pesé lourd face à la puissance des messages du « premier pape global », selon la formule d'un cardinal.

Pour permettre la béatification, un miracle a été reconnu: celle d'une religieuse française, Marie Simon-Pierre, guérie de la maladie de Parkinson, qui sera présente lors des célébrations.

Pour une canonisation -- la reconnaissance de la sainteté --, il faudra un nouveau miracle.

Cela ne devrait pas tarder. Des milliers de témoignages sont déjà parvenus au Vatican de fidèles qui disent avoir été aidés par l'intercession du pape décédé. 270 témoignages de grâces et de miracles présumés ont été sélectionnés pour être étudiés.

Samedi, lors d'une veillée au Cirque Maxime, des personnalités ayant connu Jean Paul II comme son secrétaire particulier Stanislaw Dziwisz donneront leur témoignage. Les églises de Rome resteront ouvertes toute la nuit.

Dimanche matin, la messe de béatification sera présidée par Benoît XVI place Saint-Pierre. Un grand drap portant l'effigie de Karol Wojtyla sera déroulé sur la façade de la basilique.

Un reliquaire contenant une ampoule de son sang, prélevé pendant ses derniers jours, sera aussi vénéré par les fidèles.

80.000 fidèles se rassembleront place Saint-Pierre, dont 40.000 pourront être assis. Plus de 100.000 autres pourront tenir sur la Via della Conciliazione, l'avenue menant du Tibre au Vatican. Les autres suivront la célébration sur des écrans géants disposés dans toute la ville.

Le préfet de Rome, Giuseppe Pecoraro, a parlé d'un million de personnes supplémentaires, en raison de la concomitance de la béatification et du traditionnel concert de la fête du travail.

Mais les chiffres le plus souvent avancés par les voyagistes et organisations de pèlerins vont de 300.000 à 4/500.000 pour la béatification.

Outre l'Italie, les contingents principaux devraient venir notamment de Pologne et d'Espagne.

En plus de vols habituels, 40.000 passagers devraient arriver par avions supplémentaires et charters, sans compter ceux qui seront acheminés par autocars ou bateaux qui accosteront dans le port de Civitavecchia, au nord de Rome.

Pour éviter des coûts d'hébergement trop élevés, nombre de pèlerins devraient arriver la veille ou pendant la nuit de samedi à dimanche, et repartir le soir même.

Quelque 50 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus, dont les présidents polonais Bronislaw Komorowski et mexicain Felipe Calderon, le roi des Belges Albert II et la reine Paola, le Premier ministre français François Fillon.

En ville, les commerces seront autorisés à ouvrir exceptionnellement le 1er mai. Quelque 500.000 tickets de transport ont été imprimés avec l'effigie de Karol Wojtyla en prière.