Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont convenu mardi de demander à Bruxelles de renforcer les contrôles aux frontières intérieures de l'UE, après les tensions entre France et Italie nées de l'afflux de migrants d'Afrique du Nord, scellant avec chaleur leur réconciliation sur ce dossier.

«Schengen doit être réformé (...) Nous voulons davantage de moyens pour que les frontières de l'espace Schengen soient garanties», a affirmé le président français lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef du gouvernement italien, à l'issue d'un sommet bilatéral à Rome.

«Dans des circonstances exceptionnelles, nous croyons tous les deux qu'il doit y avoir des modifications au traité de Schengen sur lesquelles nous avons décidé de travailler ensemble», a renchéri M. Berlusconi.

Tous deux ont écrit une lettre en ce sens à la Commission européenne et au Conseil européen, dans laquelle ils demandent à Bruxelles d'«examiner la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures» des États-membres, «en cas de difficultés exceptionnelles dans la gestion des frontières extérieures communes, dans des conditions à définir».

Ils ont également réclamé un renforcement de Frontex, l'Agence européenne de surveillance des frontières.

La France et l'Italie étaient en froid après la décision de Rome d'octroyer aux quelque 20 000 Tunisiens arrivés sur son sol depuis janvier des visas leur permettant de circuler dans toute l'Europe.

Alors que l'Italie reproche régulièrement le «manque de solidarité» des autres pays européens dans la gestion de ces flux de migrants, M. Berlusconi a rendu mardi un hommage appuyé à la France, jugeant qu'elle avait fait un effort «plus important» que son pays, en accueillant «cinq fois plus» d'immigrés.

M. Sarkozy n'a pas été en reste, et a livré une ode passionnée à l'Italie: «L'Italie est dans le coeur de chaque Français et chaque Français se sent proche de l'Italie et pense que l'Italie a une civilisation, un art de vivre et un savoir-faire économique».

Réchauffement aussi sur le plan économique en dépit d'une OPA lancée le matin même par le groupe français Lactalis sur Parmalat, l'un des joyaux économiques italiens.

Le Cavaliere a indiqué qu'il ne considérait pas que l'offre de Lactalis soit «hostile» et s'est dit «convaincu» que l'«économie doit être libre».

Les deux responsables ont affirmé leur «souhait commun» de créer de «grands groupes franco-italiens».

Et le président français a tenu à envoyer un «très bon signal à l'Italie», en annonçant officiellement son appui à Mario Draghi, actuel président de la Banque d'Italie, à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE), pour succéder au Français Jean-Claude Trichet.

Sur le plan international, les deux hommes se sont également retrouvés à l'unisson. D'abord sur la Libye, où M. Sarkozy s'est déclaré «optimiste» sur l'issue du conflit, après la décision de Rome annoncée la veille de se joindre à la coalition pour les bombardements.

Enfin, sur un autre dossier très chaud, Rome et Paris se sont dit, «préoccupés» par la situation en Syrie et ont appelé le régime du président Bachar el-Assad à «arrêter la répression violente».

«La situation est inacceptable (...) On n'envoie pas des chars, l'armée face à des manifestants, la brutalité est inacceptable», a dit M. Sarkozy.