Passés de 6 à 39 sièges, les «Vrais Finlandais» ont opéré une percée spectaculaire lors des législatives de dimanche. Cette poussée des nationalistes eurosceptiques, devenus la troisième force politique de Finlande, pourrait remettre en question le soutien d'Helsinki au renflouement des pays de la zone euro en difficulté.

Les conservateurs du Parti de la coalition nationale, arrivés en tête du scrutin avec 20 pour cent des suffrages, ont obtenu 44 des 200 sièges du Parlement, d'après les résultats préliminaires. La coalition gouvernementale dont ils faisaient partie ne dispose plus désormais d'une majorité parlementaire. Son principal partenaire, le Parti du Centre, de la cheffe du gouvernement sortant Mari Kiviniemi, a perdu 15 sièges. Après cette cinglante défaite, il a annoncé qu'il ne participerait pas au prochain gouvernement.

S'il veut pouvoir former un gouvernement, le chef du Parti de la Coalition nationale Jyrki Katainen va donc devoir composer avec au moins un parti réservé, ou totalement opposé, sur l'aide aux pays de la zone euro en pleine crise budgétaire.

Les sociaux-démocrates du SDP, deuxièmes du scrutin à deux sièges seulement du Parti de la coalition nationale, souhaitent en effet des modifications sur le financement de l'aide à ces pays au bord de la faillite.

Mais les regards étaient surtout tournés lundi vers les Vrais Finlandais, la formation antiimmigration de Timo Soini, qui ne voit pas pourquoi son pays devrait porter secours aux «dilapidateurs» européens.

Timo Soini a estimé lundi que le succès «historique» de son parti lors des élections de dimanche lui donnait un droit d'entrée dans la prochaine coalition, même s'il a dit s'attendre à des négociations «difficiles» sur le programme politique.

Et Timo Soini a laissé entendre que la Finlande devait se retirer des futurs plans de renflouement. «On ne doit pas déverser notre argent sur des mécanismes qui ne fonctionnent pas», a-t-il lancé lundi sur la radio publique YLE. «On ne va pas dicter nos conditions au reste de l'Europe, mais nous maintiendrons le droit de la Finlande à décider par elle-même sur les questions d'argent».

«On doit traire les vaches finlandaises en Finlande et on ne va pas envoyer leur lait pour faire la charité au-delà des frontières de ce pays», a-t-il résumé.

Les plans de renflouement nécessitent le soutien unanime des 17 pays de la zone euro. Si la Finlande vote contre le programme d'aide au Portugal, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) serait paralysé.

Si elle se contente de s'abstenir, les autres pays de la zone euro pourraient en théorie mener le renflouement sans contributions finlandaises. Mais cela veut dire que d'autres pays devraient compenser les garanties finlandaises, ce qui risque de susciter l'opposition d'autres pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou l'Autriche, dont les opinions sont déjà hostiles au renflouement des pays en crise.

Par ailleurs, un plan de secours sans la Finlande entamerait considérablement la promesse de la zone euro de faire tout pour défendre la monnaie unique et créerait probablement la panique sur les marchés financiers. La zone euro a déjà dû venir en aide à la Grèce et l'Irlande et s'apprête à porter secours au Portugal. Mais d'autres pays comme l'Espagne et l'Italie semblent aussi vulnérables face à la crise budgétaire.

Pour le moment, la Finlande a accepté de garantir 8 milliards d'euros dans le Fonds européen de stabilité financière dans lequel les membres de la zone euro se sont engagés à en garantir un total de 440 milliards. Mais cette somme devrait être appelée à croître. Si un seul des 17 membres de l'Eurogroupe décide de se retirer du Fonds, ce dernier s'effondrera.

«Le résultat du scrutin a de quoi donner des cheveux blancs à l'Europe», résumait dimanche soir un analyste politique finlandais Olavi Borg.