La classe politique nord-irlandaise a unanimement condamné l'assassinat d'un policier samedi, le premier depuis 2009, affirmant que cet attentat, perpétré symboliquement dans la ville martyre d'Omagh, n'ébranlerait pas le processus de paix dans la province britannique.

Cette attaque à la voiture piégée est un acte «néanderthalien», a réagi le premier ministre nord-irlandais, le protestant Peter Robinson.

«Toute la communauté s'opposera» à ceux qui «veulent tout faire pour perturber notre processus démocratique», a-t-il ajouté, assurant dimanche sur la BBC que «tous les partis sont unis» sur ce point.

Message dans la même veine du vice-premier ministre nord-irlandais, le catholique Martin McGuinness, membre du parti Sinn Fein et qui fait partie du gouvernement biconfessionnel, réunissant catholiques séparatistes et protestants unionistes, en place depuis mai 2007.

«Alors que ceux qui sont derrière cet acte cherchent à promouvoir la division et le conflit, affirmons clairement qu'ils échoueront», a insisté McGuinness.

«Le processus de paix continuera» en Irlande du Nord, où les accords de paix conclus en 1998 ont quasiment mis fin à une trentaine d'années de violences interconfessionnelles, a-t-il assuré.

Le premier ministre britannique David Cameron a aussi assuré que les partisans de la violence «ne parviendront jamais à ramener l'Irlande du Nord vers un passé sombre et sanglant».

De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, dont le mari Bill Clinton a facilité les négociations qui ont conduit aux accords de paix de 1998, a dénoncé un acte «lâche» commis par des personnes qui agissent «contre les aspirations (...) du peuple d'Irlande du Nord».

L'attentat n'a pas été revendiqué, mais les républicains dissidents, opposés au processus de paix en Irlande du Nord, étaient montrés du doigt dimanche.

Malgré les accords de paix de 1998, un petit nombre de dissidents de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), une organisation catholique séparatiste, continue en effet à contester par les armes l'appartenance de l'Irlande du Nord (Ulster) au Royaume-Uni. L'IRA a de son côté renoncé à la lutte armée.

Le lieu de l'attentat de samedi, la cible visée et le moment choisi sont extrêmement symboliques.

Omagh, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Belfast, avait été le théâtre de l'attaque la plus meurtrière du conflit nord-irlandais.

Le 15 août 1998, 29 personnes avaient été tuées dans un attentat à la voiture piégée, qui avait été revendiqué par l'IRA véritable.

«La tragédie est de retour à Omagh», a réagi dimanche le chef de la police nord-irlandaise, Matt Baggott.

La victime de l'attentat de samedi est un policier catholique, Ronan Kerr. Le jeune homme, âgé de 25 ans, a déclenché la bombe cachée sous sa voiture au moment où il est entré dans son véhicule, stationné devant chez lui. Il avait intégré la police en décembre.

C'est le deuxième policier tué depuis 2009 et depuis la réforme radicale de la police en Irlande du Nord en 2001.

La police d'Irlande du Nord (PSNI) avait alors succédé à la Royal Ulster Constabulary (RUC), laquelle était accusée par les catholiques républicains de favoriser la communauté protestante d'Irlande du Nord.

L'une des stratégies des opposants au processus de paix consiste à viser des policiers catholiques pour dissuader cette communauté d'intégrer les forces de sécurité nord-irlandaises.

Enfin, l'attaque a été perpétrée à un mois des élections pour renouveler les membres de l'assemblée d'Irlande du Nord, province britannique semi-autonome. Ce scrutin se déroulera en même temps que les élections locales organisées le 5 mai dans tout le Royaume-Uni.