Le socialiste François Hollande, 56 ans, soutenu par des sondages en progression constante, a relancé la course à la présidentielle française de 2012 en annonçant jeudi sa candidature à la primaire de son parti.

«J'estime qu'il n'y a plus de temps à perdre. Il y a même urgence. Il faut à un moment qu'il y ait des idées et une incarnation du changement», a déclaré l'ancien patron du parti socialiste, depuis son fief de Tulle (centre), où il a été reconduit à la tête de l'assemblée départementale.

«C'est la raison pour laquelle ici, à Tulle, devant vous mes amis, j'ai décidé de présenter ma candidature à la présidentielle à travers la primaire du parti socialiste», a ajouté l'ancien compagnon de Ségolène Royal, avec qui il a eu quatre enfants.

La candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 est elle aussi en lice, avec les députés Manuel Valls et Arnaud Montebourg, pour la primaire prévue en octobre au cours de laquelle les sympathisants de gauche devront désigner le candidat officiel du parti socialiste à la présidentielle.

François Hollande devient donc le quatrième socialiste à se porter candidat pour la présidentielle prévue au printemps 2012, le «premier poids lourd en piste» au sein du PS, selon le quotidien Libération.

«C'est un moment exceptionnellement difficile pour notre pays. La gauche doit se situer à la hauteur des enjeux. Sinon, le pire est à craindre: l'extrémisme, la défiance, la résignation», a encore déclaré François Hollande, quelques jours après des élections locales marquées par la débâcle du parti UMP (droite) de Nicolas Sarkozy et la percée de l'extrême droite de Marine Le Pen.

Avec le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, et la dirigeante du PS Martine Aubry, dont les candidatures sont attendues, François Hollande est celui qui a le plus grimpé dans les sondages ces derniers mois, profitant lui aussi de l'érosion de la droite majoritaire dans les enquêtes et dans les urnes.

Même s'il est moins populaire que DSK et Martine Aubry, il arriverait devant le président Sarkozy au premier tour de la présidentielle avec 24% des voix, confirme un sondage CSA publié jeudi.

Apprécié pour ses traits d'humour mais souvent critiqué pour sa tendance au consensus mou, jugé brillant mais peu charismatique, l'ancien patron du PS (1997-2008) qui n'avait jamais été auparavant considéré comme présidentiable se prépare depuis des mois.

Il a opéré une longue mue, d'abord en termes d'image: en s'allégeant de 10 kg, il a perdu son côté bonhomme et un peu rondouillard, troqué pour un look plus dynamique. Bénéficiant objectivement de la bienveillance des médias, il multiplie les apparitions dans les talk-shows ou les émissions politiques.

Et surtout il laboure la province française, des réunions de fédérations aux cités sensibles, en répétant ses idées force: offrir un avenir à la jeunesse, conclure «un pacte générationnel» et assurer une redistribution plus juste par une réforme de la fiscalité.

«Le peuple militant me connaît bien, mon problème c'était l'opinion», a récemment expliqué cet ancien élève de l'ENA, l'école des élites française.

Ce réformiste plutôt modéré n'a pas que des amis dans son camp, certains lui reprochant un bilan «désastreux» à la tête du PS.

Son plus grand adversaire est le favori des sondages, Dominique Strauss-Kahn, social-démocrate de 61 ans, dont l'entourage laisse entendre qu'il irait dans le sens d'une candidature.

Plus franchement à gauche, Martine Aubry, 60 ans, longtemps critiquée dans son camp pour son incapacité à porter un projet, se trouve renforcée dans son rôle de leader par les dernières victoires électorales de la gauche. Elle aussi a laissé entendre qu'elle se préparait à concourir.