Le président français Nicolas Sarkozy a tranché lundi, se disant opposé à un «front républicain» pour faire barrage à l'extrême droite au second tour des élections cantonales dimanche prochain, après une percée notable du parti de Marine Le Pen dimanche au premier tour.

Sonnée par sa déroute dimanche, la droite était partagée lundi quant à la position à adopter face à la forte poussée du Front national, entre partisans du refus de favoriser l'opposition socialiste dans les cas de duel avec le FN, et ceux d'un front républicain pour contrer l'extrême droite.

Devant l'état-major de son parti UMP (Union pour un mouvement populaire), Nicolas Sarkozy a confirmé lundi la consigne officielle de la majorité pour le second tour de ces élections locales, s'opposant à un appel à voter pour le Parti socialiste (PS) en cas de duel.

Le président a clairement dit qu'«il n'y aurait pas d'infléchissement de la ligne officielle» de l'UMP consistant à dire, ni vote pour le Front national (extrême droite) ni vote pour la gauche, en cas de duels PS-FN au second tour, selon plusieurs responsables UMP présents à cette réunion.

Le Parti socialiste de Martine Aubry a obtenu 25% des voix au premier tour des élections cantonales (au niveau des départements), alors que l'UMP, loin derrière, est à 17% et se retrouve talonnée par le FN à 15%.

Le FN, à la tête duquel Marine Le Pen a succédé à son père il y a moins de trois mois, confirme une percée notable. Traditionnellement défavorisé par les scrutins locaux, le parti fondé par Jean-Marie le Pen avait obtenu moins de 12% aux régionales de 2010.

Au second tour, dernier scrutin au suffrage universel avant la présidentielle de 2012, le FN peut jouer les trouble-fêtes dans 394 circonscriptions. Il se retrouvera en duel face au PS (204 cantons), mais aussi face à l'UMP (89) ou d'autres candidats. Il y aura également cinq triangulaires UMP-PS-FN.

L'état-major de l'UMP avait d'emblée exclu «un front républicain», s'attirant les foudres de la gauche et suscitant un malaise grandissant à droite, où le mot d'ordre était de «mobiliser» pour tenter de rallier les indécis alors que le premier tour a connu une abstention record de 55,6%.

Lundi matin, le patron de l'UMP Jean-François Copé a maintenu son mot d'ordre: pas d'alliance avec le FN, mais pas de front républicain non plus.

Plusieurs ténors UMP se sont cependant clairement démarqués de la ligne officielle. La ministre de la Recherche Valérie Pécresse a affirmé que «personnellement», en cas de duel avec le FN, elle voterait pour la gauche.

La gauche a dénoncé une «ambiguïté coupable» de l'UMP, après avoir accusé ces dernières semaines le parti de Nicolas Sarkozy de faire le jeu de Marine Le Pen en favorisant le débat sur les thèmes fétiches de l'extrême droite (immigration, islam).

«Nous appelons à faire barrage au Front national et à utiliser le bulletin de vote adéquat. Si c'est un bulletin de vote UMP, utilisez-le pour éviter que le Front national ne l'emporte», a déclaré lundi le porte-parole du PS Benoît Hamon.

«Oui, comme en mai 2002», a-t-il concédé, faisant allusion à la présidentielle de 2002 qui avait vu des partisans du socialiste Lionel Jospin, exclu au premier tour, voter à droite (Jacques Chirac) au deuxième tour pour faire barrage au FN.

Placée au centre du jeu, Marine Le Pen a salué un succès «historique» pour son mouvement et un vote désormais qualifié «d'adhésion», jugeant «un second tour PS-Front national à la présidentielle de plus en plus probable».

Plusieurs sondages pour la présidentielle ont donné récemment Nicolas Sarkozy éliminé dès le premier tour de l'élection en 2012, arrivant derrière Marine Le Pen et le candidat socialiste.