Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi sera jugé à partir du 6 avril à Milan pour le «Rubygate» où il est accusé d'avoir payé une prostituée mineure et d'avoir abusé de sa fonction en sa faveur, a-t-on appris de sources judiciaires mardi.

La juge Cristina Di Censo a décidé le «jugement immédiat» du Cavaliere, une procédure accélérée prévue par le code pénal italien qui se base sur l'«évidence de la preuve», acceptant une requête en ce sens du parquet formulée le 9 février.

La première audience du procès confié à un collège de trois magistrates aura lieu le 6 avril à 8H30 GMT.

«Nous ne nous attendions pas à autre chose», ont réagi les avocats du Cavaliere, cités par la chaîne de télévision en continu Sky TG24, tandis que M. Berlusconi en déplacement à Catane (sud) a renoncé à une conférence de presse et est rentré à Rome.

«Il n'y a ni crime ni victime mais un procès tambour battant et surtout un procès mené depuis des semaines dans les médias. Il est évident que la gauche défaite aux élections et au parlement tente d'utiliser la justice» contre le président du Conseil mais «ils ne prévaudront pas», a commenté Daniele Capezzone, porte-parole du parti du Cavaliere, le PDL.

Le milliardaire sera jugé pour avoir rémunéré les prestations sexuelles de «Ruby», la jeune Marocaine Karima El Mahroug, entre février et mai 2010 quand elle était mineure et pour être intervenu auprès de la police de Milan pour la faire relâcher après son interpellation la nuit du 27 au 28 mai pour un vol présumé.

Aussi bien M. Berlusconi que Ruby ont nié avoir eu des rapports sexuels, la jeune fille, qui a eu 18 ans en novembre, admettant seulement avoir participé à des dîners «tout à fait normaux et sages».

En outre, la défense de M. Berlusconi affirme qu'il est intervenu pour faire libérer la jeune fille, convaincu qu'elle était «la nièce du président égyptien Hosni Moubarak» et voulant préserver de bonnes relations avec son pays.

La saga n'est pas terminée, l'un des avocats du Cavaliere, Me Niccolo Ghedini, également député du PDL, voulant contester la compétence du tribunal de Milan lors d'un vote à la Chambre des députés, où la coalition au pouvoir est majoritaire.

Pour Me Ghedini, le Rubygate est du ressort du «tribunal des ministres», un collège de magistrats qui devrait être mis en place à Milan pour juger le Premier ministre pour une infraction commise dans ses fonctions.

Le milliardaire n'est en outre pas obligé d'assister à son procès mais depuis l'abrogation partielle le 13 janvier par la Cour constitutionnelle d'une loi lui accordant une immunité pénale pour 18 mois, il devra justifier à chaque fois qu'il a un «empêchement légitime» qui rend impossible sa présence sur le banc des accusés.

Le Rubygate est le troisième scandale sexuel qui implique M. Berlusconi, après les affaires Noemi (mai 2009), une mineure dont la fréquentation avait abouti à une demande de divorce de sa femme, et D'Addario (juin 2009), une prostituée qui avait raconté une nuit torride avec le Cavaliere.

Mais il s'agit de l'affaire la plus grave car il est passible de trois ans de prison pour recours à la prostitution et de douze ans de réclusion pour abus de fonction.

Le Rubygate viendra s'ajouter à trois procédures pénales contre M. Berlusconi (affaires Mills, Mediaset et Mediatrade) qui vont reprendre entre fin février et début mars.

L'affaire défraye la chronique italienne et mondiale depuis des semaines avec la publication de multiples écoutes téléphoniques entre les dizaines de jeunes femmes invitées à des soirées chez M. Berlusconi qu'elles décrivaient elles-mêmes comme agrémentées de strip-tease et autres lap-dances terminant en parties de débauche.