Julian Assange a dénoncé lundi l'intervention des États-Unis pour obtenir des données privées de la part de Twitter sur trois personnes qui auraient utilisé le service de micro-blogs pour recevoir des informations provenant de WikiLeaks ou de son fondateur.

Une Cour fédérale américaine doit tenir une audience mardi à Alexandria (Virginie) pour examiner la validité d'un mandat judiciaire ordonnant à Twitter de donner des informations sur les comptes d'une parlementaire islandaise, Birgitta Jonsdottir, d'un chercheur américain en informatique, Jacob Appelbaum, et de Rop Gonggrijp, un collaborateur hollandais de WikiLeaks.

Cette demande des autorités américaines «est une attaque scandaleuse contre la vie privée et le droit à la liberté d'expression des usagers de Twitter, dont beaucoup sont des citoyens américains», a vitupéré M. Assange dans un communiqué.

C'est «encore plus choquant en ce moment (car) il s'agit d'une attaque au droit à la liberté d'association, une liberté que les peuples tunisien et égyptien, par exemple, encouragés par les informations révélées par WikiLeaks, ont trouvé si précieuse», a ajouté le fondateur de WikiLeaks.

Selon WikiLeaks, les autorités américaines demandent à Twitter de «révéler les noms, les dates et la localisation de toutes les personnes qui ont reçu via ses services des messages de WikiLeaks ou de M. Assange».

Toujours selon WikiLeaks, d'autres groupes internet tels que Google, Facebook et Yahoo! pourraient recevoir des demandes similaires et «ont peut-être déjà fourni des informations» aux États-Unis.

«Nous demandons à tous les fournisseurs de services de dire s'ils ont reçu de telles demandes et s'ils y ont répondu», a dit lundi M. Assange.

Plusieurs groupes de défense des libertés individuelles, dont la puissante organisation américaine de défense des libertés civiles (Aclu), contestent devant la justice l'injonction faite à Twitter, décrite par WikiLeaks comme «le premier round de la bataille judiciaire de l'administration américaine contre Julian Assange».

Un avocat britannique de M. Assange, Geoffrey Robertson, a mis sur l'affaire un professeur de droit de la prestigieuse université américaine Harvard, Alan Dershowitz.

Le dossier a créé des remous entre les Etats-Unis et l'Islande, l'ambassadeur américain à Reykjavik ayant été convoqué en janvier au ministère islandais des Affaires étrangères, qui lui avait fait part de sa «profonde inquiétude».

Mme Jonsdottir, une militante de la liberté de la presse qui a pris ses distances avec WikiLeaks ces derniers mois, avait de son côté accusé Washington de vouloir «criminaliser» la publication de certaines informations, mettant ainsi «les journalistes en danger à l'avenir».

WikiLeaks a publié sur internet des milliers de documents confidentiels sur les guerres en Irak et en Afghanistan et des notes provenant de diplomates américains en poste à travers le monde.

Placé en résidence surveillée dans un manoir anglais, Julian Assange saura le 24 février si la Grande-Bretagne accepte son extradition vers la Suède, où il doit s'expliquer sur des accusations de viol proférées à son encontre par deux jeunes femmes.