L'enquête sur l'attentat suicide à l'aéroport Moscou-Domodedovo le 24 janvier s'oriente vers une piste familiale, le frère et la soeur du kamikaze, soupçonnés de complicité, ayant notamment été arrêtés dans l'instable Caucase russe, ont indiqué des médias mercredi.    

Selon des médias russes, le kamikaze -identifié comme étant Magomed Evloev 20 ans- avait été assisté par son frère Akhmed et sa soeur Fatima, qui, suivant les sources, seraient âgés de 16 à 22 ans.

Ils ont été placés en détention provisoire pour au moins deux mois.

Tous sont originaires du village d'Ali-Iourt en Ingouchie, petite république du Caucase, voisine de la Tchétchénie. Un autre suspect, Oumar Aouchev, habitant cette même localité, a aussi été arrêté.

Une source policière a indiqué à l'agence officielle Itar-Tass que des traces d'explosif avaient été retrouvées sur Oumar Aouchev et Akhmed Evloev.

«Des traces d'explosif ont été découvertes sur eux. Selon les résultats de l'expertise, ils ont aidé Magomed Evloev à préparer son engin explosif», a indiqué ce représentant des forces de l'ordre.

Le journal Kommersant a pour sa part indiqué qu'un autre proche du kamikaze présumé, Islam Evloev, était recherché ainsi «qu'un certain Iandiev».

Les autorités russes n'ont confirmé aucune de ces informations, mais de nombreuses sources s'expriment anonymement dans les médias russes depuis l'attentat qui a fait 36 morts.

Les enquêteurs ont estimé que la cellule ayant organisé et commis l'attentat était composée de sept personnes.

«Actuellement, les identités de sept suspects, dont le kamikaze, ont été déterminées et ils font partie du groupe qui a organisé et commis l'attaque terroriste dans l'aéroport», a assuré une source policière à RIA Novosti.

«Par ailleurs, (les enquêteurs) ont déterminé que plusieurs personnes avaient été contactées par les suspects et savaient qu'un attentat était en préparation, mais elles n'ont pas prévenu les forces de l'ordre», a-t-elle ajouté.

Les agences russes ont aussi cité des responsables policiers, qui ont reconnu prendre au sérieux la revendication de l'attentat par le chef de la rébellion islamiste du Caucase russe, le Tchétchène Dokou Oumarov.

Officiellement, Moscou ne commente pas les déclarations du rebelle.

«À priori, le groupe d'Ali-Iourt est autonome mais obéissait» à Oumarov, selon la source d'Itar-Tass.

Cette agence et le journal Kommersant voient une ressemblance entre des photos de Magomed Evloev et un certain Seifoullah, présenté comme un candidat au «martyre» dans une récente vidéo dans laquelle Dokou Oumarov promettait du «sang et des larmes» à la Russie.

Ces informations ont été publiées par la presse au lendemain d'une réunion à huis clos de la chambre basse du Parlement (Douma) sur les progrès de l'enquête.

«Nous avons à faire à une force idéologique puissante et non à quelques renégats isolés», aurait déclaré à cette occasion le chef des services de sécurité (FSB), Alexandre Bortnikov, selon des informations du quotidien populaire Tvoï Den.

Les médias russes ont indiqué la semaine dernière que le kamikaze de Domodedovo était Magomed Evloev, le fils d'une institutrice et d'un conducteur d'autobus. Cet ancien étudiant en comptabilité aurait quitté l'Ingouchie il y a quelques mois en disant partir pour un emploi saisonnier.

Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion locale s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé hors des frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.