Le président russe Dmitri Medvedev a décidé de supprimer les changements horaires annuels et de maintenir son pays à l'heure d'été à partir du printemps 2011 (GMT +4H00 à Moscou), une mesure de santé publique selon lui, qui fait désormais de la Russie une exception en Europe.

«J'ai pris la décision d'annuler le passage à l'heure d'hiver à partir de cet automne. J'ai transmis une directive en ce sens au gouvernement», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des jeunes scientifiques, selon les agences russes.

Pour M. Medvedev, il s'agit de protéger les Russes «du stress et de maladies» provoquées par le changement horaire.

Il a aussi justifié cette mesure par le désagrément que cause le passage à l'heure d'été et d'hiver au cheptel du pays.

«Nous avons pris l'habitude de bouger les aiguilles de nos montres au printemps et à l'automne et nous avons tous l'habitude de nous en plaindre. En effet, cela déstabilise le rythme biologique de l'homme, cela irrite», a souligné le président russe.

«Et je ne parle même pas des pauvres vaches -et des autres animaux- qui ne comprennent pas les changements d'horaires et ne comprennent pas pourquoi on vient les traire à une heure différente», a ajouté M. Medvedev.

«Nous ne passerons plus à l'heure d'hiver; il nous reste à subir ce désagrément une dernière fois, car le passage à l'heure d'été implique une heure de sommeil en moins, mais ensuite ces ennuis seront écartés», s'est-il félicité.

L'Union européenne continuant de pratiquer le changement d'horaire, la Russie verra ainsi son décalage horaire avec le vieux continent augmenter et se réduire au grès des saisons.

Par exemple, Kaliningrad, enclave russe voisine de la Pologne, aura en été une heure de décalage avec Varsovie, mais deux en hiver.

Pour des analystes russes, cette réforme du chef de l'État témoigne de l'impuissance des autorités russes face aux problèmes qui minent réellement l'économie et la société russes.

«Le grand intérêt porté à la question horaire est un mauvais signe. Le pouvoir n'arrive pas à faire de grandes choses, donc il s'occupe de petites choses : changer le nom de la milice en police, bouger les horaires», relève Dmitri Orechkine, un politologue indépendant.

Après une série de scandales de corruption impliquant les forces de l'ordre, le président russe a ordonné le changement de leur nom de «miliciens» en «policiers».

«En Russie, l'heure d'hiver n'est pas vraiment le plus grand des problèmes, et c'est une question qui aurait dû être étudiée par le gouvernement, pas par le président», poursuit M. Orechkine.

Dmitri Medvedev avait annoncé dès 2009, dans un discours à la Nation, qu'il réfléchissait à une vaste réforme horaire de la Russie.

Dès 2010, les autorités ont introduit une révision du découpage horaire du pays. À terme, le nombre de fuseaux horaires doit passer de onze à sept, une mesure qui a suscité des protestations en Extrême-Orient russe.

Des manifestations ont eu lieu sur la côte pacifique russe, une partie de la population se plaignant de perdre des heures de jour avec pour seul bénéfice de réduire le décalage avec Moscou.

Le changement d'horaire à chaque automne (les montres reculent d'une heure) et chaque printemps (les montres avancent d'une heure) a été introduit dans de nombreux pays lors du choc pétrolier, afin de permettre des économies d'énergie. Cette mesure fait cependant régulièrement l'objet de débats.

Plusieurs républiques ex-soviétiques d'Asie centrale ont renoncé dans le courant des années 2000 au changement d'horaire biannuel.