Plus de 140 théologiens catholiques allemands, autrichiens et suisses ont appelé à une réforme de fond de l'Église de Rome qui mettrait notamment fin au célibat des prêtres, rapporte vendredi le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Dans leur pétition intitulée «Église 2011: un renouveau indispensable», accessible via le site internet du journal, ces 143 théologiens, pour la plupart enseignants dans des universités germanophones, appellent également à l'ordination des femmes et à l'acceptation par l'Église de partenariats homosexuels.

Ils réclament aussi la participation des fidèles aux nominations d'évêques et à la fin du «rigorisme moral» de l'Église.

Ils justifient leur prise de position par la «crise sans précédent» que traverse l'Église catholique en Allemagne depuis qu'a éclaté une série de scandales d'abus sexuels perpétrés par des prêtres, il y a un an.

«Les tumultes que peuvent susciter un dialogue ouvert, sans tabous, ne sont pas nécessairement bien perçus, surtout à la veille de la visite d'un pape. Mais l'autre solution, le silence de mort, ne peut être acceptable car il réduit à néant les derniers espoirs», affirme notamment leur mémorandum.

Le pape Benoît XVI, d'origine allemande, doit se rendre en visite officielle en Allemagne en septembre.

«2011 doit être l'année d'un nouveau départ pour l'Église. L'an dernier a vu un nombre sans précédent de fidèles quitter l'église catholique», notamment en raison des scandales d'abus sexuels, soulignent les théologiens.

«L'Église a besoin de prêtres mariés et de femmes pour occuper les postes de l'église» et il ne faut pas qu'elle rejette «ceux qui partagent amour, fidélité et peines réciproques au sein d'un partenariat de même sexe, ou ceux divorcés qui décident de mener une vie responsable au sein d'un nouveau mariage», ajoute le mémorandum.

C'est la première fois depuis 1989 et «la déclaration de Cologne» de 220 enseignants et théologiens contestant l'autoritarisme du pape Jean Paul II que des théologiens se prononcent de façon si critique en Allemagne, selon le quotidien.

Le pape Benoît XVI, lorsqu'il n'était encore que Joseph Ratzinger, théologien allemand, s'était lui même interrogé sur l'obligation de célibat qui incombe aux prêtres catholiques, avait rapporté vendredi dernier le Süddeutsche Zeitung.

Joseph Ratzinger faisait partie d'un groupe de neuf théologiens allemands qui, en février 1970, avaient adressé un mémorandum aux évêques d'Allemagne leur demandant d'étudier si une telle pratique était réellement nécessaire, selon le journal qui cite la missive archivée par l'Église catholique à Ratisbonne (sud).

Ils mettaient notamment en avant le manque criant de vocations et la difficulté pour l'Église de se doter de jeunes prêtres. S'ils sont trop peu nombreux, «l'Église a l'obligation de procéder à une modification» de la règle, écrivaient ils.