Le parquet général de l'État espagnol a refusé mardi d'ouvrir une enquête au niveau national sur les enfants volés pendant la dictature franquiste et jusqu'à la fin des années 1980, demandant aux victimes de s'adresser individuellement aux tribunaux régionaux.

«Le parquet général a refusé d'entamer une enquête au niveau national et demande à chaque famille de porter plainte auprès du tribunal régional» où a eu lieu le délit présumé, a indiqué un porte-parole du parquet.

L'association nationale des victimes d'adoptions illégales, Anadir, avait déposé plainte jeudi auprès du Procureur général de l'État, Candido Conde-Pumpido, pour demander l'ouverture d'une enquête sur le sort de 261 enfants probablement volés.

Le parquet général justifie cette décision en expliquant que les responsables présumés de ces vols ne faisaient pas partie d'un réseau unique, mais opéraient depuis plusieurs points du territoire espagnol.

Selon l'association Anadir, un véritable trafic de bébés, volés à des familles modestes et remis ou vendus à des parents ne parvenant pas à avoir d'enfants, a existé pendant la dictature franquiste (1939-75) et jusqu'à la fin des années 1980.

Pendant la dictature, les enfants étaient surtout soustraits «pour raisons politiques» à des femmes républicaines en vertu d'un décret datant de 1940, qui permettait au régime franquiste de placer les enfants sous sa garde si leur «éducation morale» était en danger.

Mais ce trafic s'est transformé, après la dictature, en véritable commerce de bébés, grâce à la souplesse du système d'adoptions, avant sa modification en 1987, et avec la complicité des médecins et des religieux travaillant dans certaines maternités, selon Anadir.

Le parquet de l'Audience Nationale, la plus haute instance judiciaire espagnole, avait déjà demandé début décembre au ministère de la Justice d'aider les enfants volés sous le franquisme à rétablir leur identité, proposant l'ouverture d'un bureau chargé de ces enquêtes.

Selon le parquet, les enquêtes sur ces enfants ne sont pas prévues par la loi sur la mémoire historique, votée en 2007 et visant à réhabiliter les victimes de la guerre civile (1936-1939) et de la dictature.