Une élue régionale, proche du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et soupçonnée d'incitation à la prostitution de mineure, a été entendue dimanche pendant plus de deux heures par la justice, a annoncé l'agence italienne Ansa.

Nicole Minetti, 25 ans, hygiéniste dentaire de M. Berlusconi devenue début 2010 conseillère régionale de son parti, est soupçonnée d'avoir participé à l'organisation de soirées osées dans les résidences privées du «Cavaliere».

Le parquet de Milan dit détenir des «éléments probants» sur le versement d'argent et la fourniture de logements gratuits par le milliardaire de 74 ans à des dizaines de jeunes femmes en contrepartie de prestations sexuelles.

Ceci n'est pas répréhensible en Italie mais parmi les jeunes femmes figurerait une mineure, Ruby Rubacuori (voleuse de coeurs), de son vrai nom Karima El Mahroug, un délit pour lequel le chef du gouvernement risquerait jusqu'à trois ans de prison. Il lui est également reproché d'avoir abusé de sa fonction en la faisant libérer en mai quand elle venait d'être interpellée pour un vol présumé.

C'est Mme Minetti qui était à l'époque allée chercher Ruby au commissariat à la demande de M. Berlusconi qui a toujours affirmé qu'il avait simplement cherché à «rendre service» à la jeune femme en difficulté et nie avoir eu des relations sexuelles avec elle.

Rien n'a filtré de l'interrogatoire de la conseillère régionale prévu mardi mais qui, en accord avec toutes les parties, a été avancé à dimanche. «Ainsi, nous avons réussi pour une fois à éviter l'assaut des journalistes et des caméras», a commenté son avocat, Me Daria Pesce.

Depuis l'annonce, le 14 janvier, par les procureurs de Milan de l'ouverture de l'enquête visant M. Berlusconi, la presse italienne publie chaque jour en détail nombre d'écoutes téléphoniques compromettantes tant pour le président du Conseil que pour Mme Minetti.

Selon la presse, les magistrats pourraient déposer cette semaine une requête pour le renvoi en justice en urgence de M. Berlusconi.

Le chef du gouvernement a multiplié ces derniers jours les attaques contre les magistrats et accusé l'opposition de vouloir le chasser du pouvoir «avec le secours rouge des juges politisés». Le magnat de la tévision, qui proteste avec véhémence contre une violation de sa vie privée, a déjà annoncé qu'il refusait de se présenter devant les juges milanais, estimant que seul le tribunal des ministres était compétent.

Les magistrats ont vivement protesté contre ce qu'ils qualifient d'«intimidation».