Erreur humaine ou défaillance technique: les enquêteurs cherchaient dimanche les causes d'une collision ferroviaire qui a fait dix morts la nuit précédente dans l'est de l'Allemagne.

Par temps de brouillard, un train régional transportant une cinquantaine de voyageurs a percuté «de plein fouet» un train de marchandises samedi vers 22h30 (21h30 GMT, 16h30, heure de Montréal) à Hordorf, près de Magdebourg, sur une voie de circulation unique.

Une vingtaine de personnes ont été blessées, la plupart grièvement, a indiqué la police fédérale dimanche, alors que la justice a ouvert une enquête.

«Le bilan ne s'est pas alourdi, nous en sommes toujours à 10 morts», a dit à l'AFP un porte-parole dimanche en fin d'après-midi.

«C'est vraisemblablement le signal stop qui n'a pas été respecté», avait d'abord dit le chef du gouvernement régional de Saxe-Anhalt Wolfgang Böhmer en arrivant sur les lieux dimanche matin.

Mais les autorités ont ensuite affiché une grande prudence lors d'une conférence de presse. «Nous serions tous bien inspirés» de ne rien conclure trop vite, a lancé le ministre régional de l'Intérieur Holger Hövelmann.

«L'issue de l'enquête est ouverte. Les conclusions seront rendues publiques le plus vite possible (...) Le système de signalisation doit évidemment être évalué», a renchéri Ralf Krüger, responsable de la police fédérale.

Les deux trains circulaient entre Magdebourg et Halberstadt. Sous la violence du choc, le train régional a déraillé et le conducteur ainsi que des passagers à l'avant du premier wagon sont morts sur-le-coup.

La carcasse du train était sur le flanc dimanche. Aux abords de la voie ferrée gisaient de multiples morceaux de ferraille, des sièges arrachés, des éclats de verre. Dans la neige fraîchement tombée, étaient figées les dix empreintes des dépouilles, déposées un temps côte à côte avant d'être emportées dans des corbillards.

De nombreux policiers, secouristes, enquêteurs et responsables ferroviaires s'affairaient sur les lieux.

Les gros conteneurs renfermant du calcaire ont été déchargés du train de marchandises de la société Peine Salzgitter

(VPS), filiale du numéro deux allemand de l'acier Salzgitter, selon un communiqué de celui-ci. Le train acheminait du calcaire vers des usines de Salzgitter.

Selon les premiers éléments de l'enquête, le train de la ligne régionale HarzElbeExpress (HEX), exploitée par le groupe Veolia, semble avoir eu un feu de signalisation au vert.

Le conducteur du train de marchandises était en état de choc et n'a fait aucune déclaration, selon Armin Friedrichs, responsable de la police locale.

La collision s'est produite «à une vitesse qui n'était pas négligeable» pour les deux trains, a dit Ralf Krüger, alors qu'il y avait une «mauvaise visibilité» due au brouillard.

La chancelière Angela Merkel s'est dite «bouleversée par ce grave accident» et a adressé ses condoléances aux familles.

Tous les survivants ont été évacués vers des hôpitaux.

L'identification des victimes n'est «pas facile» car «beaucoup n'avaient pas de document d'identité sur elles», a dit Armin Friedrichs.

Plus de 150 pompiers, policiers et secouristes avaient été rapidement déployés dans la nuit. Une cellule de soutien psychologique était en place.

L'Allemagne a connu plusieurs accidents ferroviaires meurtriers ces dernières années, dont celui en 2006 d'un train expérimental Transrapid qui avait percuté un véhicule d'inspection sur une voie d'essai (23 morts et 10 blessés).

Mais la catastrophe ferroviaire la plus grave en Allemagne depuis 1945 remonte au 3 juin 1998: un train à grande vitesse ICE avait heurté une pile de pont à Eschede (nord), faisant 101 morts et 88 blessés.