Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans le calme vendredi à Tirana à la mémoire des victimes du 21 janvier à l'appel de l'opposition, qui a promis d'autres rassemblements pour réclamer la «fin du régime» du premier ministre Sali Berisha.

Les organisateurs ont évalué le nombre des manifestants à 200 000 personnes, tandis que la police s'est abstenue de donner un chiffre.

D'importants effectifs des forces de l'ordre avaient été déployés pour l'occasion, en particulier devant le siège du gouvernement protégé par un double cordon de policiers.

Une trentaine d'hommes appartenant à des forces d'élite protégeaient en outre l'entrée du bâtiment.

Le chef de l'opposition et maire de Tirana, Edi Rama, avait assuré à plusieurs reprises que la manifestation se déroulerait dans le calme et qu'elle serait pacifique, qu'elle se voulait essentiellement un rassemblement à la mémoire des trois personnes tuées par balles une semaine auparavant devant le siège du gouvernement lors d'une importante manifestation anti-gouvernementale.

S'exprimant après la manifestation, M. Rama a promis d'autres manifestations «pacifiques» pour réclamer la «fin du régime» du premier ministre Sali Berisha.

«Nous allons poursuivre notre résistance pacifique pour demander la fin de ce régime et ouvrir un nouveau chapitre», a déclaré M. Rama. Il a estimé que des élections législatives anticipées étaient «la seule solution pour sortir de la situation». Les prochaines élections législatives doivent normalement avoir lieu en 2013.

Les manifestants ont défilé sans incident, déposant des gerbes de fleurs aux endroits où les trois militants de l'opposition ont été abattus le 21 janvier, à proximité du siège du gouvernement.

La Garde républicaine, chargée de la protection des personnalités, est soupçonnée par l'opposition d'avoir tiré.

M. Rama était en tête du cortège, en compagnie de députés socialistes et des proches des trois personnes tuées.

De nombreux manifestants étaient en pleurs. Certains étaient venus avec leurs enfants.

Le cortège s'est dispersé sans incident vers 16h heure locale, laissant derrière lui, à la tombée de la nuit, une place couverte de bouquets de fleurs et de bougies allumées.

La manifestation avait été précédée de mises en garde alarmistes ou musclées.

Accusant de nouveau les «putschistes» de l'opposition d'avoir voulu tenter un coup d'État le 21 janvier, le premier ministre albanais, Sali Berisha, avait averti que «tout acte de violence» de la part de l'opposition vendredi se «heurterait à la loi, uniquement à la loi».

M. Rama a rejeté les accusations de M. Berisha. «Il n'y a eu aucune tentative de coup d'État de la part de l'opposition», a-t-il dit, «mais des violences provoquées et qui ont un seul responsable: c'est le premier ministre Sali Berisha».

L'ambassade des États-Unis avait prévenu aussi du caractère «imprévisible» de la manifestation, invitant ses ressortissants à l'éviter.

M. Rama avait maintenu cette manifestation en dépit des appels répétés de la communauté internationale à l'annuler, en raison de la vive tension politique qui règne dans le pays depuis le 21 janvier.

M. Berisha a renoncé pour sa part au rassemblement de ses partisans qui devait se tenir samedi.

La crise politique entre pouvoir et opposition dure depuis plus d'un an et demi en Albanie. L'opposition n'a jamais reconnu le résultat des élections législatives de juin 2009, accusant M. Berisha de fraudes.

Les deux camps n'ont pas trouvé depuis un compromis ou une solution.