Un centre éducatif de Floride dédié à l'Holocauste a accueilli froidement mardi les regrets du président de la SNCF pour la responsabilité de la société française dans la Shoah, alors que la compagnie entend répondre à un appel d'offre pour un TGV dans cet État.

«Ce n'est pas une demande de pardon, ce ne sont pas des excuses complètes», a affirmé Rositta Kenigsberg, vice-présidente de l'Holocaust Documentation and Education Center, près de Miami.«Qu'il vienne demander pardon ici, aux victimes et aux survivants eux-mêmes. Qu'il les rencontre, qu'il s'assoie avec ceux qui ont connu cela», a-t-elle dit à l'AFP.

Selon elle, la Floride comprend le deuxième plus grand nombre de survivants de l'Holocauste et leurs familles aux États-Unis.

«Je sais que lorsqu'on demande pardon, cela envoie non seulement un fabuleux message universel mais cela aide les survivants à faire leur deuil. Ils ont enfin le sentiment que quelque chose a changé, qu'on ne fera plus jamais cela. Une demande de pardon est un nouveau commencement», a déclaré cette fille d'un survivant de la Shoah.

Mardi à Bobigny, non loin du camp de Drancy où s'est déroulée la rafle du Vel d'Hiv, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a évoqué les responsabilités de l'entreprise, qui «contrainte, réquisitionnée», selon lui, fut «un rouage de la machine nazie d'extermination».

Évoquant les projets de TGV en Floride, Mme Kenigsberg a estimé que «toute compagnie a le droit d'être candidate à un appel d'offre (...) mais les contribuables ont le droit de savoir, surtout si ces contribuables sont des survivants de l'Holocauste». Pour Raphael Prober, un avocat de la firme Akin Gump Strauss Hauer & Feld qui représente aux États-Unis 650 victimes des camps et leurs familles, «tant que la SNCF ne prendra pas sa pleine responsabilité pour sa collaboration avec les nazis et ne paiera pas des réparations, elle restera le sujet d'une contestation publique».